tag:blogger.com,1999:blog-51698952200006871362024-03-13T23:22:56.251-07:00Biased StatisticsUne vision presque biaisée de l'économieStatisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.comBlogger102125tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-28241762130847102942016-10-04T03:30:00.000-07:002016-10-04T03:31:11.678-07:00Immigration et performance macroéconomique<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">J'ai récemment mis la main, et eu à commenter, un papier étudiant l'interaction entre immigration et performance macroéconomique en France. J'ai trouvé cet article très bien rédigé, clair, et leur utilisation d'une base de données nouvelle permet d'apporter une quantité d'éclairages possibles sur le fonctionnement du marché du travail, sur la complémentarité entre le travail des résidents et des immigrés, et sur les possibles résultats contre-intuitifs - notamment sur le fait que l'immigration "subie" aurait un effet plus positif sur l'économie que l'immigration "choisie". Si bien que je reproduis ici telle quelle la note de lecture envoyée à ce sujet. </span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">(Lien vers une version gratuite de l'article : <a href="ftp://mse.univ-paris1.fr/pub/mse/CES2015/15023.pdf">Immigration Policy and Macroeconomic Performance in France</a>)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">L'objectif de l'article est d'étudier les interactions
entre la performance macroéconomique et l'immigration en France, sans se
restreindre à un seul sens de causalité. Pour cela, les auteurs conduisent une
analyse à l'aide d'un VAR structurel qui leur permet, sous certaines hypothèses
identificatrices, d'isoler les chocs de demande et d'en étudier les effets sur
le nombre de titres de séjour délivrés, mais également d'isoler les chocs
d'immigration et d'en étudier les effets sur le revenu par habitant et le
chômage.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Les données d'immigration
utilisées couvrent la période de 1994 à 2008 et ont été compilées par l'INED
dans une base qui fait figurer les flux mensuels de titres de séjour de longue
durée délivrés, par motif – regroupement familial, travail, étudiant – par
nationalité d'origine, sexe et âge. Les données de PIB par habitant sont celles
publiés par la comptabilité nationale trimestrielle, mensualisées par
l'indicateur de production industriel publié par l'OCDE. Le chômage mensuel
provient également de données publiées par l'OCDE.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Les modèles estimés suivent la structure suivante :
le PIB par habitant, le taux de chômage, et enfin un ou plusieurs indicateurs
d'immigration. Les modèles diffèrent selon ce dernier, le premier considérant
l'ensemble des titres de séjour émis, les autres se restreignant à certains
motifs, groupes d'âges, sexes et pays d'origine, mettant ainsi à profit le
détail des données utilisées. Les fonctions d'impulsion réponse sont calculées
tout d'abord en supposant que les conditions macroéconomiques n'ont pas d'effet
contemporain sur l'immigration mais uniquement avec un retard. Le PIB par
habitant est supposé avoir un effet contemporain sur le chômage mais pas le
contraire. Cela revient ainsi à identifier les chocs structurels de revenu,
chômage et immigration à l'aide de la décomposition de Cholesky dans le cas où
les variables sont ordonnées de telle façon à faire figurer l'indicateur
d'immigration en premier, puis le PIB par habitant, puis le chômage. La
robustesse de cette stratégie est par la suite testée en adoptant la méthode de
« restriction de signe », dans laquelle les auteurs considèrent
également toutes les décompositions conduisant à des chocs structurels de
demande ayant un effet positif sur le revenu par habitant et négatifs sur le chômage
pendant les 12 mois suivant le choc.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Les conclusions de l'article sont les suivantes :<o:p></o:p></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
</div>
<ol>
<li style="text-align: justify;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Le nombre de titres de séjour de long terme délivrés
par l'administration répond de manière significativement positive, et de
manière persistante, à l'amélioration des conditions macroéconomiques, et
particulièrement lorsque l'analyse est restreinte aux titres délivrés dans le
cadre du regroupement familial et de l'immigration de travail (respectivement
37,7 % et 7,8 % des titres délivrés sur la période). Une augmentation
de 1 % du PIB par habitant augmenterait ainsi le flux de titres de séjour
délivrés de 0,2 % la première année et de près de 0,3 % à moyen terme
(trois ans). L'effet est plus élevé à court-terme dans le cas de l'immigration
de travail mais plus persistent dans le cadre de l'immigration pour motifs
familiaux. Il est similaire par groupes d'âge et par sexe. Il est notamment
intéressant de noter que l'immigration de travail en provenance des pays en
voie de développement réagit moins fortement à l'amélioration des conditions
macroéconomiques que l'immigration de travail en provenance des pays riches.
Les réponses de l'immigration pour motifs familiaux sont en revanche similaires
quelle que soit la nature du pays d'origine.</span></li>
<li style="text-align: justify;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Le PIB par habitant augmente suite à un choc
d'immigration, une conclusion qui reste robuste à travers tous les modèles
étudiés – choc d'immigration pour motifs familiaux, professionnels, en
provenance de pays développés, etc. Quantitativement, cette effet serait
élevé : une hausse de 1 % du taux d'immigration est associée à une
hausse du PIB par habitant de 0,4 % la première année. Cet effet reste
légèrement positif, et statistiquement significatif, à un horizon de trois ans.
Il est nettement plus important et persistant dans le cas de l'immigration pour
motifs familiaux, et ce quelle que soit la nature du pays d'origine.</span></li>
<li style="text-align: justify;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">L'immigration de travail augmente légèrement le chômage
tandis que l'immigration pour motifs familiaux n'a pas d'effet significatif.
Une augmentation de 1 % du nombre de permis délivrés pour motifs
professionnels augmente le taux de chômage pendant trois ans de 0,5 %
(soit 0,05 points de pourcentage pour un taux de chômage de 10%)</span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"> </span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Cet effet disparaît lorsqu'on exclut de l'estimation
la période 2003-2008, durant laquelle est survenu un changement de politique
d'attribution des titres de séjour, au profit de l'immigration de travail.</span></li>
</ol>
<br />
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Les auteurs proposent plusieurs interprétations pour leurs
résultats et les comparent à la littérature existante. La réponse de l'immigration
à l'amélioration des conditions macroéconomiques est en ligne avec la
littérature, mais la distinction entre immigration de travail et immigration
familiale permet d'analyser les canaux à l’œuvre, à savoir si l'effet traduit
surtout une relaxation des conditions d'attribution des titres de séjour (canal
de « l'offre ») ou une plus forte demande d'entrée sur le territoire.
L'immigration familiale étant un droit accordé dans le cadre de conventions
internationales, on peut s'attendre à ce que dans ce cas l'offre soit assez peu
élastique aux conditions macroéconomiques. La forte réponse de l'immigration
familiale à l'amélioration des conditions macroéconomiques montre ainsi que la
demande joue un rôle important.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La réponse du chômage à un choc d'immigration est
également en ligne avec la littérature, qui trouve généralement un effet soit
légèrement positif, soit non significatif. Le fait que l'effet positif semble
transiter par l'immigration de travail est une contribution originale de
l'article. En revanche, l'article se démarque de littérature existante, et
notamment celle sur données de panel, en trouvant un effet positif et
persistant de l'immigration sur le PIB par habitant. Sur données françaises,
les auteurs citent notamment Hunt (1992), qui étudie l'effet des rapatriés
d'Algérie et trouve un effet négatif sur les conditions macroéconomiques. Ce
résultat différent ne serait pas nécessairement dû à la méthodologie employée,
dans la mesure où des modèles similaires sur données américaines trouvent un effet
nul ou légèrement négatif à court terme (par exemple Kiguchi & Mountfort,
2013). Encore une fois, la distinction par motifs d'immigration permet aux
auteurs de proposer plusieurs explications à ce résultat. Notamment, que
l'immigration permet d'atténuer les effets du vieillissement de la population,
en augmentant la part de la population
en emploi (effet de composition) et en réduisant les besoins de financement de
la protection sociale (effet de pression fiscale). Le fait que cet effet soit
plus important dans le cas d'une
immigration pour motifs familiaux, de personnes moins qualifiées ou pas encore
en âge de travail suggère que d'autres canaux sont à l’œuvre. Les auteurs
proposent la complémentarité entre les immigrants non qualifiés et les résidents,
qui jouerait ainsi à plein sur le PIB par habitant, contrairement à
l'immigration qualifiée. Un autre canal hypothétique serait celui de la
réussite à l'école des enfants nés en France lorsque la part d'immigrants dans
leur classe augmente. L'étude citée par les auteurs, (Hunt, 2012) sur données
américaines, montrent qu'une augmentation de cette part augmente la probabilité
que les enfants natifs terminent le lycée, mais cet impact n'a pas été testé en
France.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Ces conclusions sont à mettre en lien avec la littérature
sur l'ouverture commerciale et financière, et rejoignent un ensemble de travaux
montrant que les gains potentiels à la mobilité sur capital humain sont plus
importants que ceux liés à la mobilité du capital physique ou à l'ouverture commerciale,
en raison de complémentarités plus importantes.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Commentaires :<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Le principal apport de l'article est l'originalité de la
base de données utilisée. Pour la France, c'est la première base de données sur
si longue période, à une fréquence aussi fine. La plupart des résultats obtenus
sur données françaises l'ont été jusqu'à présent à partir d'expériences naturelles et de données de panel. La méthode retenue ici, celle d'un VAR
structurel, permet également de tenir compte d'éventuels effets d'équilibre
général, qui ne sont a priori pas négligeables dans l'analyse.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La lecture des résultats faite par les auteurs semble être
également tout à fait adaptée. Il est toutefois de rigueur de souligner les
points suivants :<o:p></o:p></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">1) L'immigration est approchée par le nombre de titres de
séjour de long-terme délivrés par l'administration, et non par le nombre
d'entrées sur le territoire, légales ou non. Il est ainsi plus prudent
d'interpréter l'impact d'un choc d'immigration sur les conditions
macroéconomiques comme l'impact d'un choc d'immigration légale et de long-terme
sur les conditions macroéconomiques. Que celui-ci soit fortement positif reste
toutefois une conclusion intéressante.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">2) L'analyse de robustesse conduite par « restriction
de signe » concerne l'effet de l'amélioration des conditions
macroéconomiques sur l'immigration. La robustesse des résultats concernant
l'impact des conditions macroéconomiques sur l'immigration, et notamment leur
dépendance à l'hypothèse de Cholesky, n'est pas discutée dans l'article.
Notamment, si l'amélioration des conditions macroéconomiques peut être
anticipée par les candidats à l'immigration, cela peut conduire à surestimer
l'impact d'un choc d'immigration sur le revenu par habitant.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<b><span lang="EN-US"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Références :<o:p></o:p></span></span></b></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span lang="EN-US"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">D'Albis,
H., Boubtane, E., Coulibaly, D. : « Immigration Policy and
Macroeconomic Performance in France », Annals of Economics and Statistics,
Number 121/122, June 2016<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span lang="EN-US"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Hunt,
J. : « The Impact of the 1962 Repatriates from Algeria on the French
Labor Market», Industrial and Labor Relations Review, 1992.<o:p></o:p></span></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span lang="EN-US">Hunt,
J. : « The Impact of Immigration on the Educational Attainment of
Natives », Tech. </span>Rep. 18047, NBER Working Paper, 2012<o:p></o:p></span></div>
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div class="Corpsdenote" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span lang="EN-US">Kiguchi,
T. Mountford, A. : « The Macroeconomics of Immigration », Tech. </span>Rep.
45517, MRPA Paper, 2013.</span><o:p></o:p></div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-28794453928717757342016-09-29T05:34:00.000-07:002016-09-29T05:40:51.052-07:00Le négationnisme économique : l'hypothèse nulle est-elle idéologique? <div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Le dernier livre de Pierre Cahuc et André Zylberberg fait beaucoup parler de lui. En premier lieu son titre suggère que ceux qui contredisent le consensus des économistes méritent d'être comparés à Robert Faurisson. En second lieu, les auteurs réussissent l'exploit d'accorder tous les bords politiques contre eux puisqu'ils tirent à boulet rouge sur les partisans d'une nouvelle gauche, sur les patrons, sur les poujadistes, sur les opposants à l'immigration, sur les faux keynésiens, et sur certains de leurs collègues, à la réputation pourtant bien établie mais qui s'expriment souvent dans les médias sur des sujets parfois éloignés de leurs spécialités.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Pour un bon résumé de la controverse, vous pouvez lire <a href="http://www.ofce.sciences-po.fr/blog/le-negationnisme-economique-de-cahuc-et-zylberberg-leconomie-au-premier-ordre/">ici</a> l'article de Xavier Ragot président de l'OFCE, un institut indépendant de recherche et d'analyse de la conjoncture, rattaché à Sciences Po à travers la FNSP. Xavier Ragot est un chercheur réputé qui se situe dans le top 7% des économistes au monde en termes de publications au cours des dix dernières années, donc quelqu'un ayant voix au chapitre selon les critères de Pierre Cahuc et André Zylberberg eux-mêmes (Cahuc étant dans le top 1%). La réponse des auteurs aux critiques de Xavier Ragot se situe <a href="http://www.ofce.sciences-po.fr/blog/eclairage-sur-le-negationnisme-economique/">ici</a>. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Le fil rouge du livre de Pierre Cahuc et André Zylberberg est que l'économie est devenue une science expérimentale, et que donc ses conclusions sont plus robustes que par le passé. Notamment, elles doivent être autant prises au sérieux que des études sur l'effet d'un médicament par analyse statistique sur groupe test par rapport au groupe témoin. Sur ce point, les auteurs ont raison de souligner la forte progression des papiers expérimentaux en économie, se fondant sur des variations exogènes à l'objet d'étude pour conclure sur l'effet d'une mesure. Par exemple, dans le cas de la réduction du temps de travail, l'étude sur données françaises citée par les auteurs est celle de <a href="http://matthieuchemin-research.mcgill.ca/research/8%20Chemin%20Wasmer%20JOLE.pdf">Chemin & Wasmer</a> publiée dans le Journal of Economics en 2009. Cet article utilise le fait que les entreprises située en Alsace-Moselle ont été moins contrainte que celles situées dans le reste de la France à réduire la durée légale du travail en raison du traitement de jours fériés supplémentaires datant de la période 1870-1918. L'article conclut qu'il n'y a pas eu de différence significative sur la trajectoire de l'emploi dans cette région. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b>Plus de 70% des articles scientifiques économiques sont empiriques</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Les auteurs ont-ils raison de dire que l'économie est devenue une science expérimentale? Si l'on en croit l'article de Daniel S. Hamermesh (2013) dont la table ci-dessous est issue, les papiers expérimentaux représentaient en 2011 près de 8% des papiers publiés. Ces observations sont cependant assez dépendantes de la définition qu'on peut avoir d'un protocole purement expérimental, et celle de Hamermersh est assez restrictive. Un papier comme celui Chemin & Wasmer (2009) n'y serait pas. Au final, le principal enseignement est que la part des papiers purement théoriques a fortement décru, au profit des papiers empiriques. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdXbMu1_CQWOyzhyphenhyphenF152Vb-s5iOVM0Do50PbsBjD2FLae_nK0XDpD0ri1Ln8rJmA2rYok1msztNakTWCWQxhIhNtK08jcu5cZAksR0Yx4v6JARWQRAQLgeqwZKMQCbR2JApIRQNHgmC6c/s1600/Sans+titre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="185" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdXbMu1_CQWOyzhyphenhyphenF152Vb-s5iOVM0Do50PbsBjD2FLae_nK0XDpD0ri1Ln8rJmA2rYok1msztNakTWCWQxhIhNtK08jcu5cZAksR0Yx4v6JARWQRAQLgeqwZKMQCbR2JApIRQNHgmC6c/s400/Sans+titre.jpg" width="400" /></a></div>
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Pour en revenir au titre de l'article, ce qui m'intéresse ici est la discussion autour de ce qui constitue une preuve en économie. Thomas Coutrot, économiste signataire du manifeste des économistes atterrés fortement critiqué dans le libre, s'est récemment exprimé sur le </span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">papier de Chemin et Wasmer dans un <a href="https://blogs.mediapart.fr/thomas-coutrot/blog/280916/le-partage-du-travail-et-les-freres-bogdanov">article</a> publié sur le blog de Mediapart, en ces termes : "L’article de MM. Chemin et Wasmer, brandi pour prouver l’échec des 35 heures avec l’exemple de l’Alsace & Moselle, conclut en réalité … qu’il ne peut rien conclure". Dans leur livre, Pierre Cahuc et André Zylberbeg soutiennent au contraire, toujours en citant la même étude que "la plus forte réduction de la durée légale du travail dans le reste de la France n'a pas permis de créer plus d'emplois que dans le reste de la France". </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Ce que dit en réalité le papier, c'est qu'il n'est pas possible de rejeter l'hypothèse nulle, selon laquelle la réduction du temps de travail n'a pas d'effet sur l'emploi. Il est tout à fait standard, en matière d'évaluation des politiques publiques, de considérer comme hypothèse nulle, ou hypothèse par défaut, une absence d'effet de la mesure étudiée. Le test statistique permettra d'évaluer quelle serait la probabilité d'observer tel échantillon de données si l'hypothèse nulle était vraie. Ainsi, si la probabilité d'observer telles trajectoires d'emploi dans l'hypothèse que la réduction du temps de travail n'a pas d'effet sur l'emploi </span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">était de 0</span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">, on serait bien obligé de conclure que la réduction du temps de travail doit avoir un impact. Il est d'usage de considérer que toute probabilité située entre 0 et 5% doit conduire au rejet de l'hypothèse nulle. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Or un test statistique n'est pas symétrique, il a plutôt tendance à privilégier l'hypothèse nulle. En somme, il faut de solides preuves pour s'éloigner du consensus. Si l'hypothèse nulle était que la réduction du temps de travail a créé 350 000 emplois, l'étude de Chemin et Wasmer aurait probablement conclu qu'il n'est pas possible de considérer que cette hypothèse est fausse. Cela est dû au fait que les données sont rarement aussi informatives qu'on le voudrait (et quand elles le sont, elles ont tendance à considérer que toute différence est significative, même entre deux ensembles générés aléatoirement et séparément...). </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b>"Ne pas choisir, c'est encore choisir"</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">L'absence de symétrie des tests statistiques et la parfois mauvaise utilisation de leurs conclusions est un phénomène bien connu des statisticiens, notamment de l'American Statistical Association, qui </span><a href="http://www.amstat.org/asa/files/pdfs/P-ValueStatement.pdf" style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">a mis en garde récemment </a><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">contre l'utilisation sans précaution de p-value (la probabilité de non-rejet de l'hypothèse nulle). Néanmoins, une réflexion éthique sur la définition de l'hypothèse nulle manque. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Le choix de l'hypothèse nulle est-il idéologique? En particulier, en évaluation des politiques publiques, faut-il considérer que l'hypothèse nulle est l'absence d'effet? Si oui, on pourrait penser que cela revient à privilégier l'idéologie selon laquelle rien n'a d'effet, et qu'il ne sert donc à rien de tenter quelque chose.</span></div>
<div>
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Je pense que Thomas Coutrot fait preuve de lecture idéologique lorsqu'il reformule la conclusion de Chemin et Wasmer en la faisant passer pour un "on ne peut rien conclure". Choisir comme hypothèse nulle tout autre point que l'absence d'effet introduit nécessairement un biais idéologique qui est difficile à défendre et qui ne passera pas la revue par les pairs chère à Pierre Cahuc et André Zylberberg, à raison. En outre, il est difficile de reprocher à la discipline de trop vouloir privilégier le statu quo. Il est bien connu qu'il est plus difficile de publier un article faisant état d'une absence de résultat qu'un article montrant un effet révolutionnaire, c'est dans la nature humaine, et particulièrement scientifique, de vouloir questionner. </span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Peut-être que ce biais de publication est un moyen de rétablir l'équilibre face au biais de l'hypothèse nulle. </span></div>
<div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Dans tous les cas, je conseille la lecture du livre de Pierre Cahuc et André Zylberberg, qui est nettement moins virulent que le titre ou la polémiques laissent croire. Il est également bien documenté, et aborde la question du "négationnisme" à travers cinq questions : la politique industrielle, la finance, </span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">l'impôt, </span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">la relance budgétaire, le partage du travail. Même si l'on est en désaccord avec le premier et le dernier chapitre, dans lesquels les auteurs dénoncent et proposent des solutions contestables à ce qu'ils appellent le "négationnisme", ces cinq chapitres centraux présentent des analyses récentes, validées par la communauté scientifique, et qui précisent les contours et les conditions d'applications de certaines théories. </span></div>
<div>
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><b>Références Bibliographiques :</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><a href="https://www.amazon.fr/dp/B01LNCFW6A/ref=dp-kindle-redirect?_encoding=UTF8&btkr=1">"Le négationnisme économique", Pierre Cahuc et André Zylberberg, 2016. </a></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><a href="http://matthieuchemin-research.mcgill.ca/research/8%20Chemin%20Wasmer%20JOLE.pdf">"Using Alsace-Moselle Local Laws to Build a Difference-in-Differences Estimation Strategy of the Employment Effects of the 35-Hour Workweek Regulation in France", Matthieu Chemin et Etienne Wasmer, Journal of Labor Economics (2009). </a></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><a href="http://pubs.aeaweb.org/doi/pdfplus/10.1257/jel.51.1.162"><br /></a></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><a href="http://pubs.aeaweb.org/doi/pdfplus/10.1257/jel.51.1.162">"Six Decades of Top Economics Publishing: Who and How?", Daniel S. Hamermesh, Journal of Economic Literature (2013).</a></span></div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-53622633652928438682016-03-09T06:40:00.000-08:002016-03-22T05:59:54.929-07:00Clash of clans sur la loi "Travail"<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La loi El
Khomri sur le Code du travail a au moins ce mérite de susciter un débat très intéressant entre des économistes français parmi les plus réputés. Ces derniers s'appuient sur la même littérature
économique, en ont chacun une interprétation assez proche mais
portent un jugement différent sur la loi incriminée, probablement en raison de
leurs opinions politiques. C'est frappant parce que les arguments sont
quasiment les mêmes dans les deux tribunes, mais l'une dit "donc la loi El
Khomri représente une avancée pour les plus fragiles" et l'autre "on
est loin d'une politique effective de lutte contre le chômage
durable". <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">A ma droite
(tout à fait fortuitement, j'aurais pu dire à ma gauche), ceux qui <a href="http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2016/03/04/projet-de-loi-el-khomri-une-avancee-pour-les-plus-fragiles_4876380_3232.html"><span style="color: blue;">favorables à la loi</span></a>. Parmi eux, Jean Tirole (TSE)
et Olivier Blanchard (ex-FMI), les seuls économistes français avec Esther Duflo
(mais qui ne n'est pas exprimée sur ce sujet) à figurer dans le <a href="https://ideas.repec.org/top/top.person.all.html"><span style="color: blue;">top
100 des économistes de RePec</span></a> selon la plupart des critères
(nombre de citations avec différentes pondérations, succès des publications,
réussite des anciens étudiants...). On y trouve également treize économistes
dans le top 5% des économistes selon ces mêmes critères, et de nombreuses
médailles prestigieuses, en France comme à l'international : un Nobel (Tirole),
trois prix Yrjö Jahnsson (prix de l'association des économistes européens
réservé aux économistes de moins de 45 ans), trois prix John von Neumann (récompense
prestigieuse décernée par des étudiants), quatre médailles du CNRS et sept
"meilleurs jeunes économistes" de France. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">A ma gauche,
ceux qui y sont <a href="http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2016/03/08/la-loi-travail-ne-reduira-pas-le-chomage_4878760_3232.html"><span style="color: blue;">défavorables</span></a>. Parmi eux d'excellents
économistes également, dont cinq sont dans le top 5% des économistes de RePec,
une médaille Clark (réputée précurseur du Nobel et décernée par l'association
des économistes américains), un prix John von Neumann, deux médailles du CNRS
et trois "meilleurs jeunes économistes de France". <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Olivier
Bouba-Olga <a href="http://blogs.univ-poitiers.fr/o-bouba-olga/2016/03/08/loi-el-khomri-battle-entre-economistes/"><span style="color: blue;">refuse de compter les galons</span></a>, mais dans la mesure
où ces tribunes s'adressent au grand public je pense qu'il est important de
savoir que ceux qui les signent ont gagné le respect de leurs confrères. Si le lecteur n'est pas spécialiste de la question, il aura
du mal à distinguer un expert d'un <a href="http://biasedstatistics.blogspot.fr/2014/04/les-faux-economistes.html"><span style="color: blue;">charlatan</span></a>, un argument fondé sur des faits d'un
argument idéologique, ou même une démonstration cohérente d'une suite de
sophismes. Ensuite, les économistes ayant une réputation établie ont
potentiellement plus à perdre lorsqu'ils prennent position ouvertement pour ou
contre une loi. Par exemple, les auteurs de cette <a href="http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2016/03/09/l-activite-economique-et-son-anticipation-par-les-entreprises-sont-bien-le-moteur-de-la-creation-d-emplois_4879106_3232.html">tribune</a>, en tant que membres d'ATTAC n'ayant </span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">à leur actif </span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">aucune publication scientifique dans une revue à comité de lecture et dont la section "publication" de leurs sites personnels ne contiennent que des articles de presse, </span><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">n'ont absolument rien à perdre s'ils ont torts et utilisent des arguments économiques WTF comme :</span></div>
</div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"></span><br />
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">"Si un employeur sait à l’avance ce que va lui coûter un licenciement abusif, rien ne l’empêchera d’y avoir recours, ce d’autant plus qu’il pourra le provisionner dans une rubrique quelconque de ses comptes". </span></blockquote>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
Pouf pouf la magie de la comptabilité.<br />
<br />
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Bon maintenant,
que disent ces tribunes? La première affirme que la loi El Khomri réduira les
inégalités devant l'emploi, qui se manifestent par une forte polarisation du
marché du travail, entre la majorité protégée et la minorité précaire. Selon
ses auteurs, la réduction du coût et de l'incertitude entourant l'embauche en
CDI réduira, aux yeux de l’employeur, le risque d'embaucher en CDI par rapport
au risque d'embaucher en CDD. Pour aboutir à cette conclusion, ils citent
l'Espagne qui a implémenté une réforme des indemnités de licenciement en 2012,
et j'imagine qu'ils ont en tête le rapport de <a href="http://www.oecd.org/els/emp/SpainLabourMarketReform-Report.pdf"><span style="color: blue;">l'OCDE de 2013</span></a> qui en a évalué les premiers
effets puisqu'ils reprennent le chiffre de l'OCDE de 25000 embauches en CDI de
plus par mois (soit les 300000 en un an de l'article). Ils se fondent également
sur une littérature assez abondante, dont certains des auteurs sont des
contributeurs importants, qui étudie l'impact de certaines frictions - dont
l'incertitude et les coûts de licenciement - sur non seulement les inégalités
devant l'emploi mais également le niveau du chômage. Je ne suis pas un
spécialiste du marché du travail et n'ai jamais enseigné ni participé à cette
littérature, mais les méthodes économétriques employées sont solides et les
arguments théoriques sont plutôt convaincants. Quant à savoir si cela
s'applique à la France et à la loi El Khomri, c'est une autre histoire. Ils
proposent également de renforcer les garanties données aux chômeurs, en terme de formation notamment, dans la plus pure
tradition de la flexi-sécurité.</span></div>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">
</span>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La seconde
tribune affirme deux choses. Tout d'abord, la principale cause du chômage en
2015 en France ne serait pas l'existence de frictions sur le
marché du travail mais la politique de réduction du déficit public, qui n'a pas
pu être compensée par une politique monétaire suffisamment expansionniste. Le
chômage a augmenté car la croissance était trop faible pour créer suffisamment
d'emplois. Ce point ne fait pas
vraiment débat en fait, et je ne pense pas que les auteurs de la première
tribune objecteraient, en particulier Olivier Blanchard qui a beaucoup
influencé le revirement anti-austérité du FMI et Thomas Philippon qui a analysé
le fort impact des politiques budgétaires pro-cycliques dans un papier avec Philippe Martin en 2013.
En revanche, je doute que personne ne croit vraiment que la loi El Khomri soit
là pour relancer rapidement l'emploi. Comme toute réforme structurelle, elle ne
peut porter ses fruits que lentement. Il existe même une littérature montrant
que les réformes sur le marché du travail peuvent être légèrement contre-productives
à court terme en situation de trappe à liquidité puisqu'elles accentuent les
pressions déflationnistes. En somme, ce genre de réforme peut aider à réduire
le chômage minimum atteignable, mais pas tant à l'atteindre si l'économie reste déprimée. D'ailleurs, ce n'est
pas ce que disent les auteurs de la première tribune, et c'est un peu
malhonnête de la part des auteurs de la deuxième tribune de le faire croire
quand ils disent : <o:p></o:p></span></div>
<blockquote class="tr_bq" style="margin-bottom: 5pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">"Rien ne permet d’asséner,
comme cela a pourtant été fait par un certain nombre de nos collègues dans une
tribune récente qu’une baisse des coûts de licenciement permettrait de
réduire le chômage en France."</span></blockquote>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La seconde tribune entre ensuite réellement dans le vif puisqu'elle vient affirmer que la
protection du CDI a plutôt des effets bénéfiques puisqu'elle permet à
l'emploi de résister en cas de récession, quitte à ce qu'il reparte moins vite
à la reprise (phénomène de rétention de main d'œuvre). Les fortes inégalités
devant l'emploi ne seraient pas dues à la protection du CDI mais seraient le
reflet des inégalités de formation, ne seraient pas un phénomène spécifique à
la France puisque celles-ci existent également aux Etats-Unis et sont de même
ampleur et ne seraient pas résolues par la loi El Khomri puisque 70% des
embauches en CDD se font pour moins d'un mois et donc sont loin d'être concernées
par le CDI. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Ce point me laisse plus songeur. Le phénomène de rétention de main d'œuvre
est avéré, et le papier de Bertola (également un économiste réputé) que citent
les auteurs le montre assez bien. C'est probablement positif dans une certaine mesure et peut expliquer pourquoi la productivité s'est plus maintenue en France qu'au Royaume-Uni (en gros : on n'a pas jeté le bébé avec l'eau du bain...), pas trop si ce phénomène dure et empêche la réalisation d'investissements nécessaires via la compression des marges qu'il induit. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">En revanche, je ne sais pas si l'on peut dire
que la protection du CDI n'a aucun rôle dans la polarisation du marché du
travail en utilisant les arguments cités par les auteurs. Il est vrai que
l'écart entre taux de chômage des non qualifiés et des qualifiés est de 1,5
dans les deux pays, mais je ne sais pas si c'est plus pertinent de regarder
l'écart en ratio plutôt qu'en différence, et selon cette mesure l'écart entre
les taux est de 1,3 à 2 fois plus élevé en France qu'aux USA depuis 2003. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-3HAMpkOb8JVJTxJgKYwtkX3QSLtB_kQ1y6X5GILe5Rhip8_fMkCckrpmzDi4f7gp5cyoy8jtP2xO6fwPJlhvY_uipCpakvRaGj8n56dGcE2Nk07zvV4KnozrzTrx9CIroIeYlGkn4Oo/s1600/Taux+de+ch%25C3%25B4mage.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><img border="0" height="194" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-3HAMpkOb8JVJTxJgKYwtkX3QSLtB_kQ1y6X5GILe5Rhip8_fMkCckrpmzDi4f7gp5cyoy8jtP2xO6fwPJlhvY_uipCpakvRaGj8n56dGcE2Nk07zvV4KnozrzTrx9CIroIeYlGkn4Oo/s320/Taux+de+ch%25C3%25B4mage.png" width="320" /></span></a></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: center;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Ensuite le taux de chômage n'est pas la seule mesure des inégalités devant
l'emploi. Si on s'intéresse à la part des emplois à durée indéterminée (cf. <a href="https://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=TEMP_I"><span style="color: blue;">OCDE</span></a>), les deux pays que les auteurs de la
tribune citent comme ayant une protection du CDI plus forte (France et
Allemagne) ont tous les deux des parts de CDI plus faibles (respectivement 84%
et 87%) que le Royaume Uni et les Etats-Unis (respectivement 94% et 96%). En outre, derrière des parts proches, il peut y avoir de fortes différences si dans un pays ce sont toujours les mêmes à être en CDD tandis que dans un autre cela varie n'est jamais une fatalité. J'aimerais bien avoir des données sur le sujet. Enfin, c'est un peu tautologique, mais s'il y a plus d'écart de protection
entre le CDD et le CDI, alors il y a plus d'inégalité entre être cantonné au CDD et être cantonné au CDI,
même à parts identiques. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Donc à travers ces désaccords d'économistes apparaissent surtout des
désaccords politiques. Les auteurs de la première tribune sont prêts à
sacrifier une partie de la protection du CDI pour réduire les inégalités devant
l'emploi, les auteurs de la deuxième tribune minimisent - de manière peu
convaincante à mes yeux mais libre à vous de penser autrement - le rôle que
joue la protection du CDI dans ces inégalités, et je soupçonne que quand bien
même ils pouvaient être convaincus, ils soutiendraient que cela ne vaut malgré tout pas le coup. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">On peut jouer le centriste, et s'apercevoir que les deux tribunes
s'accordent à dire que la formation initiale et la formation professionnelle
sont également des facteurs importants dans les inégalités devant l'emploi et
doivent être réformées. Si on ajoute à cela l'effet de la politique économique
sur le chômage à court-terme, il y a beaucoup plus d'accord que de désaccord
entre tous ces économistes. Non je ne suis pas un bisounours. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Si on parvient à évaluer cette question du rôle de la protection dans les
inégalités face à l'emploi, et si la réduction de l'incertitude sur les coûts de licenciement (à distinguer du niveau de ces coûts) réduit également le chômage de long terme, il ne reste que des questions purement politiques : </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">1) Faut-il dégrader la situation du plus grand nombre pour améliorer la situation
d'une minorité précaire? Si oui, dans quelle mesure? </span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">2) Les bénéfices de la réduction de l'incertitude justifient-ils de remettre en cause le principe de réparation du préjudice subi? Si oui dans quelle mesure?</span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br />
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">EDIT : Marc Ferracci, un des auteurs de la première tribune, a été assez gentil pour me fournir sur Twitter une liste de références bibliographiques concernant les effets sur l'emploi de la protection des contrats de travail, vous la trouverez ici : <a href="https://t.co/kCX7aV17Ml">google doc</a></span></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="margin-bottom: 0.0001pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-12637160666778879652015-11-13T07:42:00.000-08:002015-11-13T07:43:45.921-08:00Les taux d'intérêt bas sont-ils déflationnistes ?<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">(Attention, article très long et plutôt technique)</span></div>
</div>
<div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">C’est une proposition que de nombreux économistes avancent et connue sous le nom de Néo-Fishérienne, du nom de l’économiste américain Irving Fisher, connu pour ses travaux sur les taux d’intérêt et qui a donné son nom à une équation fondamentale dans les modèles utilisés pour analyser la politique monétaire. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Ces modèles, dits d’équilibre général dynamique stochastique (DSGE en anglais), tiennent compte de l’ensemble des comportements des agents dans l’économie, et pas seulement de l’effet causal d’une variable sur une autre (équilibre général vs équilibre partiel), tiennent compte de la volonté des agents d’optimiser leur comportement sur plusieurs périodes (dynamique vs statique), et autorisent les variables exogènes (c’est-à-dire extérieures au modèle) à évoluer suivant des lois statistiques caractérisant la taille et la persistance des chocs subis par le système (stochastique). </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Ces modèles avaient pour but de répondre à la critique de Lucas selon laquelle il n’est pas pertinent d’estimer l’effet d’un changement de politique économique sur la base de relations statistiques passées, dans la mesure où les agents réagiront à ce changement de politique économique en formant de nouvelles anticipations. Notamment, la fameuse courbe de Philips donnant une relation décroissante entre inflation et chômage ne pouvait plus être considérée comme stable dans le temps, les critiques les plus extrêmes allant jusqu’à affirmer que celle-ci était simplement verticale, que le chômage ne dépendait que de facteurs purement structurels et que toute politique inflationniste n’aurait aucun effet positif sur le chômage.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Les premiers modèles développés dans les années 80 (RBC ou Real Business Cycles) faisaient donc l’hypothèse d’anticipations parfaitement rationnelles (les agents connaissent le modèle de l’économie et utilisent toute l’information à disposition pour optimiser leur comportement), d’une concurrence parfaite et de prix parfaitement flexibles. Ces modèles aboutissaient ainsi à une neutralité complète de la monnaie, c’est-à-dire au fait que la politique monétaire, que ce soit via les taux d’intérêts nominaux ou via la masse monétaire en circulation, n’avait aucun effet sur les variables dites réelles, à savoir le chômage et la croissance en volume, une conclusion contraire à ce que la littérature empirique affirme. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Afin d’améliorer la pertinence empirique de ces modèles, une nouvelle classe de modèle a été développée à partir de ces premiers essais, grâce à l’introduction d’une concurrence monopolistique associée à une rigidité nominale des prix. Dans cette classe de modèles, les prix ne sont plus magiquement déterminés par le commissaire-priseur Walrasien et considérés comme donnés par les entreprises, mais sont le résultat du programme d’optimisation du profit dans un contexte où chaque entreprise est en situation de monopole sur la fourniture de son produit, et où les consommateurs retirent de l’utilité de la diversité de leur panier de consommation. Ainsi, une entreprise aura à choisir un prix assez élevé pour en profiter mais pas trop de manière à ne pas décourager la demande pour son bien. La marge des entreprises est ainsi directement reliée à la volonté des consommateurs à substituer un bien pour un autre lorsque son prix augmente. Enfin, la rigidité nominale peut être introduite de plusieurs manières, certaines étant formellement équivalentes, mais toutes conduisant à la constatation que les entreprises ne ré-optimisent pas leurs prix en continu, ce dont elles tiennent compte lorsqu’elles choisissent un nouveau prix : puisqu’elles seront coincées avec pendant un certain temps, ce prix dépend de leurs anticipations de la demande et des prix moyens futurs. Ces modèles ont été assez improprement appelés néo-keynésiens (NK), essentiellement parce que l’introduction d’une rigidité des prix permettait de retrouver la possibilité d’un chômage involontaire. En ce sens, ils sont plutôt néo-hicksiens. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La version la plus élémentaire de cette classe de modèle, décrite par Woodford (2003) et Gali (2008) permet de capter les intuitions les plus importantes. Ce modèle en économie fermée, avec anticipations rationnelles et sans accumulation de capital, aboutit à trois équations fondamentales, les deux premières étant communes aux modèles RBC et NK. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">L’équation d’Euler décrit comme la demande évolue avec les taux d’intérêts et les anticipations de demande future, et provient de l’optimisation de programme de consommation-épargne des ménages. Dans cette équation, des taux d’intérêts réels élevés découragent la demande : </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Euler : Y(t) = – a . ( R(t) – Rn(t)) + Et[Y(t+1)] : </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">où Y est l’excès de demande, R le taux d’intérêt réel, Rn le taux d’intérêt naturel (celui qui prévaudrait si les prix étaient flexibles), et Et est l’opérateur d’espérance, qui désigne les anticipations rationnelles en t d’une variable future. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">L’équation de Fisher définit le taux d’intérêt réel comme la différence entre le taux d’intérêt nominal et l’anticipation d’inflation :</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Fisher : R(t) = I(t) – Et[Pi(t+1)] </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">où I est le taux nominal de court terme et Pi est l’inflation. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">La troisième et dernière équation, spécifique aux modèles NK, réintroduit une relation décroissante entre le chômage et l’inflation (ou croissante entre l’excès de demande et l’inflation), mais y ajoute un terme d’anticipation, d’où son nom de courbe de Phillips augmentée ou courbe de Phillips néo-keynésienne (NKPC). </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">NKPC : Pi(t) = b.Et[Pi(t+1)] + c.Y(t) avec b<1</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Ces trois équations régissent le comportement de quatre variables endogènes : R, I, Pi et Y. Afin de pouvoir fermer le modèle, il faut donc une quatrième équation, ce qui montre que des variables réelles comme le taux d’intérêt réel et la croissance ne peuvent être déterminées indépendamment de la politique monétaire. Une autre conclusion de ces modèles, c’est que les effets de la politique monétaire sur les variables réelles ne peuvent qu’être de court terme, car il est facile de vérifier qu’à long-terme ces trois équations aboutissent au même résultat qu’un modèle RBC sans rigidité nominale.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">C’est ici qu’intervient la proposition néo-Fishérienne. Supposez que la banque centrale fixe le taux nominal I(t) à chaque période, et considérez qu’à long-terme le taux d’intérêt réel R(t) est exogène et égal à Rn(t). Dans ce cas, l’équation de Fisher permet de déterminer les anticipations d’inflation et donc à long-terme, quand il ne serait pas rationnel d’anticiper un écart permanent avec l’inflation réalisée, de déterminer l’inflation. A long terme, Fisher devient : </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span lang="EN-GB" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Pi* = I* – Rn. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Ainsi, il apparaît évident que si la banque centrale choisit d’abaisser I* de manière permanente, l’inflation Pi* diminue. Une baisse du taux d’intérêt serait donc déflationniste. Pourquoi cette proposition est-elle contre-intuitive? Tout simplement parce qu’on s’attend à ce qu’une baisse des taux nominaux accompagnée d’une rigidité des prix débouche sur une baisse des taux réels, et que la demande dépend négativement des taux d’intérêts réels dans l’équation d’Euler. Enfin, la courbe de Phillips nous donne une relation positive entre la demande et l’inflation, donc il paraît étrange que le même modèle nous donne simultanément une relation négative entre inflation et taux nominal à court terme mais positive à long terme : comment passe-t-on d’une succession de courts termes au long terme ? </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Il est donc essentiel de préciser ce qu’on entend par « baisse permanente du taux d’intérêt nominal ». Selon la règle de politique monétaire adoptée, les effets d’une telle baisse varieront. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Le premier cas simple, est celui d’une règle de politique monétaire dans lequel la banque centrale choisit une cible de taux d’intérêt nominal. C’est le cadre théorique qui vient immédiatement à l’esprit lorsqu’on cherche à imaginer ce que signifie une baisse permanente du taux d’intérêt. C’est aussi le cadre théorique adopté par Cochrane (2015). Le problème d’une telle règle monétaire, c’est que la résolution du modèle décrit par les trois équations et la contrainte I(t) = I* ne permet pas de déterminer l’inflation : seules les anticipations d’inflation admettent une unique solution, ce qui signifie qu’il existe une infinité de solutions stationnaires pour l’inflation. Si on s’abstrait toutefois de ce problème en introduisant une nouvelle équation permettant de faire disparaître l’indétermination des prix (par exemple la théorie budgétaire du niveau des prix), on aboutit nécessairement à la conclusion qu’une baisse permanente du taux d’intérêt diminue l’inflation. La politique des grandes banques centrales (Fed, BoE, BCE…) depuis 2008 serait donc contraire à leur objectif de stabiliser l’inflation à 2%. Le canal de transmission est le suivant : les agents anticipent des taux nominaux bas à long-terme, révisent donc leurs anticipations d’inflation de long-terme puisqu’ils savent que celles-ci sont contraintes par le taux d’intérêt naturel, et les entreprises qui réactualisent leur prix ont moins besoin d’anticiper les hausses futures de prix, ce qui diminue l’inflation dès aujourd’hui. En outre, l’inflation diminuant moins que le taux nominal à cause des rigidités, le taux réel diminue et la demande augmente. Jim Bullard, président de la Fed de Saint-Louis, a fourni une <a href="https://www.stlouisfed.org/~/media/Files/PDFs/Bullard/remarks/Bullard-Permazero-Cato-12Nov2015.pdf">analyse similaire récemment</a>et assimile cette dynamique à ce qu’il s’est passé depuis 2008. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Le problème de cette règle monétaire est que ce n’est pas ainsi que les banques centrales fonctionnent, et que si c’était le cas elles ne seraient pas crédibles. En effet, une telle règle débouche soit sur l’indétermination du niveau des prix, qui peut avoir des conséquences négatives en terme de bien-être social puisque l’incertitude sur les prix est à la source d’inefficacités microéconomiques importantes (comment négocier un salaire, un emprunt, un prix de vente entre fournisseur et client ?), soit sur la disparition du rôle de la banque centrale, puisque le niveau des prix sera déterminé par un autre canal. Ainsi, si cette règle n’est pas crédible et que les agents anticipent que la banque centrale l’abandonnera, le canal de transmission décrit ci-dessus disparaît. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Un cadre théorique qui décrit mieux l’action des banques centrales est celui où le taux d’intérêt nominal suit une règle de Taylor qui fait évoluer le taux d’intérêt nominal autour d’une cible de long-terme I*, en réponse aux fluctuations de l’inflation et de l’excès de demande. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Taylor : I(t) = I*(t) + d.(Pi(t) – Pi*) + eY(t). </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Où Pi* est la cible d’inflation de la banque centrale, qui peut être supposé nulle sans perte de généralité dans le modèle. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Taylor : I(t) = I*(t) + d.Pi(t) + eY(t).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Ainsi, quand l’inflation excède sa cible ou que l’excès de demande devient positif, la banque centrale augmente le taux nominal. Ce modèle peut être résolu et à la condition que d > 1 admet une unique solution stationnaire pour l’inflation (principe de Taylor). Cela traduit le fait que lorsque l’inflation augmente d’un point, il faut augmenter le taux nominal de plus qu’un point pour que le taux réel (=I-Pi) augmente, ce qui permet de réduire l’excès de demande et donc l’inflation. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Dans ce cadre, on peut décrit I* comme suivant un processus exogène : </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span lang="DE" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">I*(t) = Rn + V(t)</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">V(t) = rho.V(t-1) + epsilon(t)</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Où V est un choc de politique monétaire caractérisé par sa persistance rho (plus rho est proche de 1, plus un changement epsilon de cible I* une année donnée dure). V peut être interprété comme un changement du taux d’intérêt nominal qui ne serait pas justifié par une fluctuation de l’inflation ou de la demande. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Ainsi, si la politique monétaire ne subit aucun choc, I* est constant et cohérent avec l’équilibre de long terme dans lequel l’inflation vaut Pi*. A court terme, et contrairement au cas précédent, I fluctue avec Y et Pi, qui peuvent eux subir des chocs d’autre nature (productivité…). </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Dans ce cadre, une baisse de la cible de taux d’intérêt <b>à cible d’inflation inchangée</b> s’interprète comme une valeur négative de V(t), donc un choc négatif epsilon une année donnée t accompagné d’une persistance rho. Quelle est la réponse des variables endogènes du modèle? </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Le résultat dans le cas où rho serait quelconque est le suivant : </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Pi(t) = – c.alpha . V(t)</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Y(t) = – (1 – b.rho).alpha.V(t)</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span lang="DE" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">R(t) = (1/c).(1 – rho).(1 – b.rho).alpha.V(t).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span lang="EN-GB" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">I(t) = [(1/c).(1 – rho).(1 – b.rho) – c.rho].alpha.V(t)</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Où Pi, Y, R, et I désignent les écarts de ces variables à ce qu’il se serait passé si la banque centrale n’avait rien fait, et où alpha dépend des paramètres du modèle mais est positif. Ainsi, suite à une baisse de la cible de taux, l’inflation et la demande augmentent toutes les deux. En particulier, l’effet cet effet est positif quelle que soit la persistance rho. Lorsque rho tend vers 1, alpha reste positif. Le taux d’intérêt réel quant à lui diminue. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Qu’arrive-t-il au taux nominal ? Si la persistance du choc initial est très élevée, le taux d’intérêt nominal va augmenter. En d’autres termes, une baisse pendant très longtemps de la cible de taux d’intérêt nominal va se traduire par une hausse du taux d’intérêt nominal ! Cela paraît étrange, mais le canal de transmission est plutôt simple : en raison de la règle de Taylor, la banque centrale fait évoluer le taux d’intérêt nominal positivement avec l’inflation et la demande. La baisse de la cible est interprétée par les agents comme une baisse du taux nominal, à inflation et demande données, ce qui stimule la demande et l’inflation. Plus cette cible est abaissée pendant une période longue, plus les agents s’attendent à ce que les bénéfices de ces faibles taux durent, et plus l’effet sur l’inflation et la demande aujourd’hui sont importants, et donc plus la banque centrale augmente le taux effectif aujourd’hui.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Dans ce cadre, la proposition néo-Fishérienne paraît donc décalée, puisqu’une baisse de la cible de taux est sans aucun doute inflationniste. Comment réconcilier ces deux propositions ? Il suffit de constater que l’argument essentiel dans la proposition néo-Fishérienne est l’aspect persistant de la baisse des taux d’intérêt (rho = 1). </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Si la baisse de la cible de taux d’intérêt est permanente, alors le système d’équations devient à long terme : </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span lang="EN-GB" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Taylor : I = Rn + V + d(Pi – Pi*) + e.Y</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Euler : Y = – a . (R – Rn) + Y </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span lang="EN-GB" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">NKPC : Pi = bPi + c.Y</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span lang="EN-GB" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Fisher : R = I – Pi</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Ce qui donne</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">(c/(1-b) – e).Y = V + d.Pi.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Donc à long terme, V non nul implique Y et/ou Pi non nuls. Une baisse permanente de la cible de taux d’intérêt est donc soit incohérente avec la cible d’inflation, soit introduit un excès permanent de demande. Dès lors, les hypothèses initiales du modèle et notamment sa log-linéarisation autour de l’équilibre de long terme qui permet d’obtenir les équations d’Euler et NKPC ci-dessus ne sont plus valides, puisque l’équilibre de long terme a changé. Pour obtenir un effet néo-Fishérien, il faut donc que les agents interprètent la baisse permanente de la cible de taux d’intérêt nominal comme en réalité une baisse de la cible d’inflation implicite de la banque centrale. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Dans le modèle néo-keynésien, la proposition néo-Fishérienne est donc très sensible à l’hypothèse de rationalité parfaite des agents, notamment sur leur capacité à faire la différence entre un choc permanent (rho=1) et un choc quasi-permanent (rho -> 1). C’est ce qui a conduit Garcia-Schmidt et Woodford (2015) à montrer que si on laisse les agents former les anticipations dans un cadre de rationalité même seulement très légèrement limité, la proposition néo-Fishérienne disparaît du modèle NK. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span lang="EN-GB" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Bibliographie :</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span lang="EN-GB" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Cochrane, John H. (2015) : “Do Higher Interest Rates Raise or Lower Inflation?”, Forthcoming. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span lang="EN-GB" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Gali, Jordi (2008) : “Monetary Policy, Inflation and the Business Cycle, An Introduction to the New Keynesian Framework”, Princeton University Press</span></div>
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<span lang="EN-GB" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Garcia-Schmidt, Mariana & Woodford, Michael (2015) : “Are Low Interest Rates Deflationary? A Paradox of Perfect-Foresight Analysis”, NBER Working Paper </span></div>
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<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span lang="EN-GB" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;">Woodford (2003) : “Interest and Prices, Foundations of a Theory of Monetary Policy”, Princeton University Press</span></div>
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Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-9221186657779046932015-10-23T10:02:00.003-07:002015-10-23T10:02:39.839-07:00L'accueil des migrants est une question morale, pas économique...<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">… et ça devrait le rester.</span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span></span></div>
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<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le think tank européen Bruegel, a publié <a href="http://bruegel.org/2015/10/how-will-refugees-affect-european-economies/">une revue de littérature</a> sur le sujet qui démystifie un peu l’impact qu’un fort afflux de migrants peu avoir sur une économie. Ainsi un afflux de migrants booste très probablement la croissance, aussi bien par l’offre que par la demande et que cet effet est d’autant plus fort qu’on autorise les migrants à travailler. L’impact sur les finances publiques est positif car les recettes fiscales supplémentaires compensent la hausse des dépenses temporaires d’accueil. A long-terme, c’est moins clair, car tout dépend de la démographie des populations assimilées. Au final, au niveau macroéconomique, un afflux de migrants s’apparente à un baby-boom : si c’est un afflux purement temporaire, il faudra donc s’attendre à un papy-boom lorsque ceux parmi ces migrants qui seront restés en France partiront à la retraite. </span></div>
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<br /></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La littérature est par contre beaucoup moins tranchée sur les effets redistributifs. Les prédictions théoriques sont multiples, et parfois contradictoires. Ici, je m’intéresserai à trois facteurs de production : travail, capital humain, capital physique. Les travailleurs qualifiés détiennent le capital humain, les travailleurs non qualifiés n’ont que le travail, et les capitalistes détiennent le capital physique. C’est l’association des trois qui permet la production. </span></div>
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<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En économie fermée, une hausse soudaine d’un facteur fait a priori diminuer le revenu de ce facteur à court-terme, et augmenter le salaire de tous les autres. Par exemple, face à un afflux de travail, le capital total par travailleur diminue et le travail est moins productif. Si les salaires mettent du temps à s’ajuster à la baisse de la productivité par tête, il y a une hausse du chômage à court-terme. A l’inverse, si les migrants sont qualifiés, c’est le salaire des qualifiés qui diminue, tandis que celui des non-qualifiés augmente. </span></div>
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<br /></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A moyen-terme, il faut investir pour rétablir le niveau de capital par tête, et s’il existe un effet d’accélérateur (l’investissement augmente avec le taux de croissance de l’économie) la hausse initiale du chômage peut très rapidement se résorber, au point de mettre l’économie en surchauffe. Finalement, après ces soubresauts, l’économie se retrouve sur son sentier de long-terme, avec le même capital par tête qu’auparavant et donc les mêmes salaires. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En économie ouverte, c’est totalement différent. D’abord, il faut savoir quel modèle de commerce international utiliser pour répondre à cette question. Si l’on s’intéresse à des interactions entre pays très pauvres et pays très riches il faut probablement utiliser une version du modèle de Heckscher-Ohlin (HO), dans lequel les deux pays s’adonnant au commerce se distinguent par les proportions de facteurs disponibles : il y a beaucoup plus de capital (humain+physique) par tête dans un pays que dans l’autre. Une des conclusions les plus célèbres de ce modèle très stylisé est qu’il suffit de permettre l’ouverture commerciale pour que les revenus des facteurs (capital humain, capital physique, travail) s’égalisent. Ainsi, les salaires sont déjà les mêmes dans les deux pays. Bien entendu, ce modèle est trop simple et sa prédiction est évidemment fausse, mais il donne une idée du mécanisme : en situation d’ouverture commerciale parfaite, la concurrence sur les produits crée implicitement la concurrence sur le revenu des facteurs. Si on souhaite donc préserver les travailleurs de la concurrence des migrants, fermer les frontières ne suffit pas, il faut aussi maintenir en autarcie les pays d’où ces migrants proviennent, ce qui ne semble pas très éthique. </span></div>
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<br /></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">On peut même partir du modèle HO développer un modèle un peu plus raffiné, où la concurrence sur le marché du travail n’est pas parfaite et où les travailleurs ont un pouvoir de négociation. Si on suppose que ce pouvoir de négociation est plus élevé dans le pays riche que dans le pays pauvre, pour des raisons purement institutionnelles et donc exogènes, alors le pouvoir de négociation moyen des travailleurs de tous les pays augmente lorsqu’un travailleur passe du pays pauvre au pays riche. Pour faire court, si plus de travailleurs des pays pauvres s’installent dans les pays riches, les possibilités de délocalisation diminuent. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Si ce mécanisme est vrai, il entre donc en opposition frontale avec une idée très présente à gauche notamment, selon laquelle le patronat adore l’immigration puisqu’elle permet de mettre en concurrence les travailleurs locaux avec de la main d’œuvre moins chère. Michel Onfray, qui adore parler d’économie, répète cela depuis un certain temps (notamment dans l’entretien donné au Figaro en septembre) mais cela fait partie de ces phrases qui sonnent vraies mais dont le contraire sonne tout aussi vrai. Stéphane Ménia a déjà écrit sur <a href="http://econoclaste.org.free.fr/econoclaste/?p=12744">le sujet</a>. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les études empiriques le montrent, il est difficile de trancher. La plupart des études concluent à une hausse des salaires des travailleurs qualifiés, mais il est difficile de conclure sur les salaires des travailleurs non-qualifiés : certaines études empiriques confirment le résultat de l’économie fermée, et constatent une légère baisse des salaires, certains montrent que les complémentarités dominent et que les migrants les moins qualifiés arrivent en bas de l’échelle, permettant à leurs prédécesseurs de monter dans la distribution (le travailleur local devient le chef des nouveaux arrivants). </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Au final, il faut absolument que le débat sur la question des migrants quitte le domaine économique. Cela permet aux opposants de faire peur à la population en la convainquant que la France ne peut pas « se permettre » d’accueillir plus de migrants qu’elle ne le fait déjà, sans avoir à entrer sur le terrain éthique ou culturel, beaucoup plus miné et beaucoup moins payant électoralement. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je pense qu'il faut accueillir ces gens parce que c’est un impératif moral, pas parce que cela fait augmenter de X% les recettes fiscales. Si la littérature économique montrait un fort effet négatif, je ne penserais pas différemment. </span></div>
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Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-73567357182655147872015-10-21T03:51:00.001-07:002015-10-21T03:51:30.945-07:00La croissance potentielle dans le débat public<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">Les règles budgétaires, en particulier celles européennes matérialisées dans le Pacte de Stabilité et Croissance, font de plus en plus l’utilisation de la notion de déficit structurel comme mesure de la situation budgétaire de moyen/long terme des administrations publiques, c’est-à-dire corrigée du cycle. Le déficit structurel permettrait, au moins dans l’esprit des rédacteurs ainsi que des garants du respect de la règle, de s’abstraire de conditions temporaires en regardant la « vraie » situation du pays, celle qui prévaudra à long terme, et à laquelle il est nécessaire de s’adapter afin de préserver (ou restaurer) la soutenabilité des finances publiques.</span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Maintenant que ces contraintes sont intériorisées par le décideur public national, ce qui était le but des traités européens forçant l’inscription de ces règles dans la législation nationale, leur impact sur le débat public doit être discuté. Le respect des règles nous est enseigné depuis le plus jeune âge, et le simple fait d’appeler une règle budgétaire une règle lui confère une aura aux yeux du public. Or si des décennies de débat sur les règles pénales, électorales, commerciales, etc., ont affûté la connaissance des médias et décideurs sur ces sujets, et permettent aujourd’hui au citoyen informé de prendre conscience des implications de certaines décisions, la connaissance du fonctionnement des règles de stabilisation macroéconomique est encore parcellaire. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ces règles de stabilisation sont de deux principales sortes : les règles de politique monétaire, traduites en langage législatif dans le mandat de la banque centrale, et les règles budgétaires, traduites en langage législatif dans les traités européens. On peut aussi noter l’apparition des règles de coordination dans les fédérations où les régions conservent une grande partie de la souveraineté et qui ne s’intéressent pas seulement à la situation budgétaire des Etats mais également à l’impact que leurs décisions peuvent avoir sur leurs voisins, notamment au sein d’une union monétaire. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Toutes ces règles ont en commun une chose noble, qui est de vouloir aider le décideur public à favoriser le long-terme sans négliger le court-terme. Mais ces règles ont également toutes en commun le présupposé qu’il existe nécessairement un conflit entre le court-terme et le long-terme, comme si cela heurtait le bon sens (notre morale, notre intuition, rayez la mention inutile), qu’on peut avoir « le beurre, et l’argent du beurre ». Par exemple, une règle de politique monétaire comme la règle de Taylor, qui fixe la réponse des taux d’intérêt à une déviation de l’inflation ou du chômage de son niveau de long-terme, permet de quantifier à quel point la banque centrale peut se permettre de dévier de sa cible d’inflation (dont la crédibilité est essentielle à long-terme) pour régler un déficit de demande temporaire. Les règles budgétaires qui décomposent le déficit courant en déficit conjoncturel et structurel, et fixent des horizons au-delà duquel le déficit structurel doit revenir en deçà d’un certain plafond, permettent au décideur public confronté à une crise importante de laisser jouer les stabilisateurs automatiques (hausse du déficit conjoncturel) et même d’aller plus loin dans la relance (hausse du déficit structurel), à condition de revenir dans les clous assez vite. </span></div>
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<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les critiques contre ce genre de règles sont nombreuses et souvent très pertinentes, mais la plupart tournent autour d’un thème : il est difficile de mesurer en temps réel le potentiel de l’économie et la réponse des variables comme l’inflation, le chômage et les recettes fiscales à une déviation de ce potentiel. Je ne souhaite pas m’étendre sur ces critiques bien connues, car bien que je les estime suffisantes pour que la décision publique ne soit pas légalement contrainte par des estimations de potentiel techniquement difficiles, elles ne remettent pas en cause l’existence même de ce potentiel. </span></div>
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<br /></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Aujourd’hui, le potentiel de l’économie, et donc l’écart de la réalité à son potentiel (output gap), peuvent être mesurées de plusieurs façons, toutes étant une combinaison de méthodes purement statistiques (en modélisant les variables macroéconomiques comme oscillant autour d’une tendance) et purement structurelles (on connaît la fonction de production de l’économie et ses facteurs potentiels, donc on connaît la production potentielle). </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Prenons par exemple l’estimation de la croissance potentielle dans laquelle on modélise la production comme utilisant deux facteurs, le capital d’un côté, le travail de l’autre, et dont les interactions sont augmentées par la productivité globale des facteurs, qui traduit le degré d’optimisation des ressources. Pour calculer le potentiel de l’économie, on calcule une tendance de productivité globale, on s’appuie sur le stock de capital existant, et on calcule une force de travail potentielle, qui est obtenue en supposant à l’aide d’hypothèses démographiques, du niveau de long terme du chômage, et de la tendance du taux d’activité. </span></div>
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<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Une fois ce travail accompli, on pourra dire par exemple que la croissance potentielle de la France, d’environ 2% par an dans les années 2000, a ralenti à 0,6% par an ensuite. Ainsi, une bonne part de l’augmentation du déficit suite à la crise est structurelle. Le décideur politique prendra cela et la règle comme données, adaptera la politique économique de façon à réduire le déficit structurel dans le temps imparti. Or ce que la règle ne dit pas, c’est que l’estimation de la croissance potentielle est probablement très sensible à la réponse du décideur politique à la crise en question. Un exemple est la réponse du stock de capital à la crise : si le décideur politique tarde à réagir à la crise, l’investissement tardera à repartir et cela aura un effet permanent sur le potentiel de l’économie. La même logique peut être appliquée à la productivité globale des facteurs (des connaissances se perdent) et à la force de travail (des travailleurs quittent définitivement la population active ou perdent des compétences). Tout cela ne provenant que d’une erreur de politique économique. Ces effets sont bien connus, ce sont les effets d’hystérèse. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Il existe donc probablement un « potentiel potentiel », ou popotentiel™, derrière le potentiel, c’est-à-dire ce qu’il serait advenu si la réponse des décideurs publics avait été plus rapide ou plus importante. On peut aller plus loin, et se demander à partir de quand il est trop tard pour corriger des erreurs passées, et ce popotentiel n’est plus atteignable : trop de relations commerciales fructueuses ont été détruites depuis trop longtemps, trop de gens ont émigré définitivement, etc. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Au final, on ne devrait pas juger l’efficacité de la politique économique passée à l’aune d’estimations du potentiel elles-mêmes dépendantes de la politique économique, et encore moins prendre des décisions de politique économique sur la base de grandeurs qui auront tendance à inscrire dans le marbre les erreurs passées. Si on tient vraiment à utiliser ce genre de mesure, on pourrait par exemple utiliser comme potentiel pendant la crise ce qu’on anticipait comme potentiel avant la crise. On s’exposerait peut-être au risque de surestimation du potentiel si la crise révèle effectivement une rupture de tendance dans les capacités de production, rupture qui ne peut être corrigée par la stabilisation macroéconomique. Mais je pense que les conséquences de cette erreur – une relance trop forte – sont inférieures aux conséquences de l’erreur inverse – des ressources gâchées. </span></div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-49005724950356181132015-08-14T03:37:00.001-07:002015-08-14T04:02:05.932-07:00Le bruit et ma fureur<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les médias sont incorrigibles. Les chiffres de la croissance du deuxième trimestre publiés par l'Insee ce matin sont légèrement décevants et une bonne partie de la presse s'empresse de tirer la ligne, interprétant ce coup de mou comme le signe que la reprise tant annoncée n'arrivera jamais. </span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Souvenez-vous, au premier trimestre, lorsque l'Insee avait publié une croissance de +0,6% (aujourd'hui révisée à +0,7%), <span style="font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">comment les commentateurs surpris avaient commencé à se dire "et si finalement la reprise était bien là et plus rapide qu'attendue" tandis que les incrédules, les éternels pessimistes s'étaient appliqués à démontrer que ce n'était qu'un feu de paille dû à la baisse de l'euro, des prix du pétrole ou au rebond de l'énergie (rayez la ou les mentions inutiles). </span></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En vérité, l'économie française a crû de 0,3% en moyenne par trimestre au premier semestre, soit un rythme cohérent avec une croissance annuelle de 1,2%, plus rapide que les trois dernières années mais pas la panacée non plus. Comme l'a signalé l'Insee en juin, le climat des affaires, approchant sa moyenne de longue periode, est cohérent avec une croissance annuelle de 1,2%. Le glissement annuel (trimestre de cette année sur même trimestre l'année précédente) du PIB était de +0,9% au premier trimestre, il est de +1,0% au deuxième trimestre. </span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ce même climat des affaires s'est légèrement amélioré en juillet, donc même sans grand optimisme et en supposant qu'il se stabilisera sur le reste de l'année, on reste sur une croissance supérieure à 1% en rythme annuel. </span></div>
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<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les à-coups d'un trimestre à un autre font verser beaucoup d'encre, mais les journalistes adorent commenter le bruit statistique et n'ont aucune compétence pour analyser le signal sous-jacent. En raison de facteurs temporaires, la croissance était plus élevée que ce qu'elle devait être en début d'année, pour la même raison elle est trop basse au deuxième trimestre, et quand on ne garde les yeux que sur le dernier chiffre on oublie la tendance, qui elle s'est nettement améliorée depuis l'an dernier. </span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Bref, ne laissez pas les journalistes pourrir votre week-end du 15 août! </span></div>
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Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-13903616408925364062015-07-04T01:30:00.003-07:002015-07-04T01:30:29.821-07:00Grèce<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je n'ai pas envie de m'attarder sur le sujet car tout a déjà été dit sur les aspects économiques. </span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Mais un très bon résumé, accompagné de la dose parfaite d'agacement et de clairvoyance, peut être trouvé chez Steve Randy Waldman </span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<a href="http://www.interfluidity.com/v2/5965.html"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Lien</span></a></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Spoiler alert: <span style="font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">tout est purement politique, et c'est désespérant. </span></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-40184794110499843272015-06-16T05:06:00.000-07:002015-06-16T05:06:43.471-07:00Pourquoi le chômage augmente-t-il?<div dir="ltr">
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Vaste sujet, sur lequel il est très difficile d’avoir les idées claires. Certains blâment la mécanisation ou la concurrence avec les pays pauvres, d’autres le recul de l’âge de départ à la retraite ou l’arrivée des femmes dans la population active, et d’autres encore la Crise, malaise indéfinissable dont j’entends parler depuis ma naissance, et cette cacophonie entretient la confusion dans laquelle les Français baignent depuis la fin des Trente Glorieuses, époque bénie du Petit Nicolas et de la guerre d’Algérie. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En vérité, le chômage n’augmente pas tout le temps, parfois il baisse même : voici un graphique représentant le taux de chômage en France métropolitaine depuis 1975, publié par l’Insee. </span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLR6psZ1fNeIuh1cqsycjr79BB3vthMoYdOKbp0-5UAqUvnUwpjw-bGVto3fNg5fSGk3Vs7_FEIKdmumLEXU9ZqKN4uBccHLkKIYcSv4Z7x4udRWeDSyoG8kEHDIHjkQf3oVAcfEX1UXE/s640/blogger-image--1992065411.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLR6psZ1fNeIuh1cqsycjr79BB3vthMoYdOKbp0-5UAqUvnUwpjw-bGVto3fNg5fSGk3Vs7_FEIKdmumLEXU9ZqKN4uBccHLkKIYcSv4Z7x4udRWeDSyoG8kEHDIHjkQf3oVAcfEX1UXE/s640/blogger-image--1992065411.jpg" /></span></a></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le premier constat, c’est qu’il a effectivement nettement augmenté de 1975 à 1985, passant ainsi de 3% de la population active environ à près de 9% en moyenne depuis. Le deuxième constat, c’est qu’il fluctue beaucoup, entre un minimum de 6,8% au premier trimestre 2008 et un maximum de 10,4 % atteint à deux reprises, en 1994 et 1997. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Pour obtenir une telle hausse du niveau de chômage de long terme (hors fluctuations de court-terme), il faut que des caractéristiques intrinsèques au marché du travail aient changé. Par exemple, cela peut provenir d’une augmentation du chômage dit « frictionnel », c’est-à-dire que les gens changent plus souvent d’emploi qu’auparavant, à dessein ou non, avec une période incompressible de chômage entre deux emplois : la durée moyenne au chômage dans les années 70 était de 16 mois, elle est tombée à 13 mois de 1980 à 2010, et est de nouveau de 16 mois depuis 2000, ce qui suggère que le chômage est un phénomène plus fréquent mais pas plus durable qu’avant. Cela peut également provenir d’un écart permanent entre la productivité et le coût réel de l’emploi pour une partie plus importante de la population, mais l’effet sur l’emploi de l’instauration d’un salaire minimum qu’on trouve dans la littérature est trop faible pour expliquer la hausse depuis 1970. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En revanche, le ralentissement de la croissance de long terme ne peut pas expliquer cette hausse du chômage de long terme. La croissance de long-terme représente la croissance du potentiel de production de l’économie, qui dépend de la productivité, des caractéristiques du marché du travail, et de la population active. Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, une dégradation des caractéristiques du marché du travail cause un ralentissement de la croissance potentielle, et non l’inverse. De même, un ralentissement de la productivité signifiera juste qu’un emploi donné contribuera moins à la croissance, mais ne dit rien sur la dynamique de l’emploi. Et il en est de même pour les variations de population (entrée des femmes sur le marché du travail, immigration, hausse passée de la natalité, recul de l’âge de départ à la retraite), supposées n’avoir aucun effet sur le chômage de long terme. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A court-terme, c’est différent. Des évènements exogènes perturbent l’équilibre et causent des fluctuations, qu’on essaie de distinguer entre fluctuations liées à l’offre (= les capacités de production) et fluctuations liées à la demande (= la consommation et l’investissement). Dans le cas de fluctuations exclusivement liées à l’offre, on ne s’attend pas à un effet majeur de premier ordre sur l’emploi et le chômage. Par exemple, un ralentissement de la productivité dans une économie tournant à plein régime se traduira par un ralentissement des salaires, de la croissance et de la consommation, à emploi inchangé. Il peut cependant y avoir des effets de second ordre s’il existe des frictions réelles dans l’économie, par exemple si l’innovation requiert de déplacer les travailleurs d’un secteur vers un autre, et que cela ne se fait pas du jour au lendemain. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dans le cas de fluctuations exclusivement liées à la demande, tout dépend des frictions dites nominales, c’est-à-dire à quel point le salaire nominal permet de maintenir le plein emploi. Par exemple, considérons que deux facteurs sont utilisés dans la production, le capital et le travail. Les entreprises choisissent le mix capital/travail optimal selon les coûts réels relatifs de chacun (plus un facteur est « relativement » cher, moins il est utilisé dans le mix). Dans un monde où la production est contrainte par une demande basse, les entreprises vont chercher à réduire leurs capacités de production. Si les coûts relatifs du capital et du travail restent inchangés, elles vont garder le même rapport entre les deux et réduire leurs investissements et leurs embauches, ce qui réduit l’emploi. Le seul moyen de maintenir l’emploi est de changer le mix capital/travail au profit de ce dernier, ce qui passe par une baisse du coût du travail relativement au coût du capital (ou bien de résoudre la crise de demande). Or l’existence de rigidités nominales sur les salaires ne permet pas au coût réel du travail de diminuer, et si l’inflation ralentit fortement, c’est même l’inverse qui se produit. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Il peut se passer des choses différentes d’un pays à un autre. Par exemple, après la crise, le Royaume-Uni a connu une forte réduction du coût du travail (plus forte inflation, plus forte mobilité sectorielle), et a permis d’augmenter la part du travail dans la production, au détriment du capital. La contrepartie du modèle anglais est la forte réduction de la productivité, qui a étonné les observateurs et a inquiété les économistes, le Royaume-Uni ayant pris le risque de rendre permanente la perte de valeur ajoutée consécutive à la crise, pour un bénéfice seulement temporaire (baisse du chômage plus rapide). En France, l’exact contraire s’est produit, le mix capital/travail est resté sensiblement le même, la productivité ne s’est pas effondrée, au détriment de l’emploi. Aucun des deux modèles n’est strictement préférable à l’autre. Le modèle anglais rend les effets de la crise plus diffus mais prend plus le risque de les rendre permanents. Le modèle français préserve le capital humain et le capital productif, mais est moins flexible. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Cette inertie du modèle français peut d’ailleurs être à l’origine pour partie de l’élévation du taux de chômage moyen depuis 1980, si les crises sont de plus en plus rapprochées : l’emploi mettant plus de temps à se remettre d’une crise, la crise suivante arrive avant qu’on ait pu se remettre de la précédente. Le taux de chômage de long terme est peut-être nettement plus bas que 6.8%, mais on n’a jamais eu le temps de l’atteindre. </span></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Mais aujourd’hui qu’en est-il ? Un moyen de tester si le chômage est surtout conjoncturel ou surtout structurel est de regarder ce qu’il se passe lorsque la population active augmente fortement ou diminue fortement. Si on néglige les effets dits de flexion ou de découragement (les entrées et sorties de la population active dépendent partiellement de l’état du marché du travail), et qu’on admet que le modèle français préserve plutôt le mix capital/travail, des variations de population active n’ayant a priori aucun effet sur la demande (par exemple, un départ à la retraite ne change pas le nombre de consommateurs, alors que l’arrivée d’un immigrant si) devraient se traduire par des variations du nombre de chômeurs. Le graphique ci-dessous décompose la variation du taux d’activité depuis 1976 en taux d’emploi et taux de chômeurs (nombre de chômeurs/ population totale, différent du taux de chômage). Les années suivant une crise de demande (1993-1995 ; 2002-2004 ; 2009-2013) lorsque la population active accélère, le nombre de chômeurs accélère, alors que l’emploi reste bas. En l’occurrence, le taux d’emploi est stable depuis 2010, mais le taux de chômeurs augmente car le taux d’activité augmente. </span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6VBRKh8G6ue6CtFnn2cMNiP3XgRRLblGONnmorAttnz3obNm_rQUdWgT56RokrPcSqOUHmibkSz0AE2ormaqvt8lMUXo-ELAavtO63hyphenhyphens2S3FzEcJMZX-7ZLIhdcg5kbwXIljXQ6vzXY/s640/blogger-image-1205130109.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6VBRKh8G6ue6CtFnn2cMNiP3XgRRLblGONnmorAttnz3obNm_rQUdWgT56RokrPcSqOUHmibkSz0AE2ormaqvt8lMUXo-ELAavtO63hyphenhyphens2S3FzEcJMZX-7ZLIhdcg5kbwXIljXQ6vzXY/s640/blogger-image-1205130109.jpg" /></span></a></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Désormais, plusieurs choses peuvent se passer. Soit la demande reste déprimée, et les politiques visant à réduire le coût du travail permettent d’enrichir la croissance en emplois (ó baisser la productivité), et on s’oriente vers le modèle anglais (sans aller aussi loin je pense, peut-être que pour des raisons culturelles et/ou institutionnelles le travail est moins mobile d’un secteur à un autre en France). Soit contrainte de demande disparaît et on revient au taux maximum d’utilisation des capacités de production (TUC), et dans ce cas le fait que le taux d’activité ait augmenté depuis 2009 laisse présager un rebond plus fort que n’a été la chute : non seulement l’emploi se rétablit, mais il doit augmenter pour absorber la hausse du taux d’activité, ce qui stimule l’investissement et crée un cercle vertueux offre>demande>offre. </span></div>
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<div class="AppleTemporaryEdgeToEdgeParagraphElement" style="height: 165px; margin-bottom: 1px; margin-top: 0px;">
<img alt="F25E672E-07E1-4470-8937-D469C6F34D2E" src="cid:F25E672E-07E1-4470-8937-D469C6F34D2E" style="left: 0px; position: absolute; right: 0px; text-align: justify; width: 320px;" /></div>
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<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><object displaystyle="0" filename="accroissement taux d'activité.png" filesize="71382" hasviewer="0" height="120" id="259D9D6E-AFD2-45E9-9BA7-E06FFD801722" isdownloaded="0" isprinting="0" style="padding: 10px 23px 10px 0px;" type="apple/mailattachment" width="160"></object></span></div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-10820160495173844952015-03-06T09:23:00.000-08:002015-03-06T09:26:41.142-08:00Le "Frexit" n'est pas un free lunch<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Il est désormais communément admis que l’euro est un projet économiquement bancal, et que les pires prédictions des économistes spécialistes des zones monétaires se sont réalisées.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En effet, alors que les promoteurs de la monnaie unique affirmaient que des règles budgétaires strictes suffiraient à aligner les cycles économiques des pays européens et donc à faire de la zone euro une zone monétaire optimale, le contraire a eu lieu. Le manque d’investissement dans le Nord (quelle que soit sa cause) a été compensé par une forte croissance de l’investissement dans le Sud, l’épargnant Nordiste n’ayant ainsi pas d’autre moyen de générer du rendement qu’en plaçant son épargne dans le Sud, les banques jouant l’intermédiaire. Les règles budgétaires, même si elles avaient été respectées partout (et elles l’ont été en Espagne par exemple) n’auraient pas pu empêcher cette dynamique purement privée, qui a conduit l’épargnant Nordiste avide de rendement à oublier le risque qu’il prenait et le promoteur immobilier Sudiste à profiter d’un afflux de capitaux à bas coût. Un tel déséquilibre de flux de capitaux avait vocation à s’arrêter et se retourner car il générait une inflation bien trop importante dans le Sud et dégradait leur compétitivité. Quand la musique s’arrêterait l’épargnant et le promoteur immobilier encaisseraient chacun une perte conséquente, se traduisant par une crise économique dans le Sud et une crise financière dans le Nord. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Mais pour couronner le tout, la gestion de la crise fut catastrophique. Au lieu de solder les excès du passé de manière à reconstruire le futur sur des bases solides, par exemple via le défaut des agents surendettés, la recapitalisation des banques, et en contrebalaçant la récession par un stimulus monétaire et/ou budgétaire (prenant par exemple la forme d’un transfert des régions peu atteintes vers les régions atteintes, au-délà des considérations nationales), les décideurs européens ont préféré contraindre les agents surendettés à rembourser leurs dettes en réduisant leurs dépenses tout en leur fournissant la liquidité nécessaire au jour le jour. Seulement lorsque tout le monde fait cela en même temps, on se retrouve dans une « balance sheet recession » qu’il est très difficile de contrebalancer via la baisse des taux d’intérêts : ceux-ci atteignent zéro, ce qui n’est peut ne pas être suffisant pour relancer la demande intérieure qui reste contrainte par la réduction de la dette. L’inflation ralentit, ce qui rend les dettes plus élevées en termes réels et augmente les taux d’intérêt réels (égal dans ce cas à l’opposé de l’inflation). Cela rend aussi nécessaires des baisses de salaires dans les pays du Sud afin que ceux-ci restaurent leur compétitivité. Les baisses de salaires nominales étant plus compliquées à réaliser que laisser l’inflation rogner le pouvoir d’achat, le processus d’ajustement est particulièrement long et douloureux. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En économie, on dit qu’il y a deux équilibres, le bon et le mauvais (on part du principe qu’une augmentation gratuite du chômage est mauvaise, un jugement moral qui fera probablement consensus) : l’équilibre déflationniste (ou de basse inflation, rien de particulier ne se passe à zéro) est le mauvais équilibre, et une fois qu’on est dessus il est très difficile de le quitter. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En bref, la crise de l’euro aurait pu être évitée</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">1)</span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">si les institutions avait eu la volonté d’organiser des transferts budgétaires entre Etats Membres</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">2)</span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">ou bien si une répression financière importante avait été mise en place pour limiter les flux de capitaux</span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">3)</span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">ou bien si l’euro n’avait pas existé.</span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ce que les anti-euros retirent de tout cela, c’est que comme il est impossible ou pas souhaitable politiquement d’instaurer des transferts entre Etats et que la liberté de mouvement des capitaux fait tellement partie du génôme de l’Union Européenne qu’on ne peut envisager le contrôle des capitaux généralisé, il faut donc sortir de la zone euro. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les arguments sont séduisants : une sortie unilatérale de l’euro permettrait de dévaluer rapidement la monnaie et de booster les exportations. Le renchérissement des importations aurait un impact très négatif sur le pouvoir d’achat à court-terme, mais conduirait à des relocalisations d’entreprises sur le territoire national pour profiter de la compétitivité retrouvée. Le revers de la médaille serait le problème posé par la dette extérieure : soit on négocie sa dénomination en Francs puis on dévalue, et il serait très difficile de se financer à nouveau, soit on la laisse en euros mais la dévaluation augmente son poids. Au final, les promoteurs d’un « Frexit » disent qu’on prendrait probablement un choc à court terme, mais qu’on y gagnerait à long terme.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">C’est là que je ne suis pas convaincu. Je suis peut-être trop néoclassique, mais j’ai toujours cru que le niveau de production à long terme d’une économie est déterminé par la quantité et la productivité de ses facteurs de production : population active, niveau d’éducation, mobilité, progrès technique, stock de capital, etc… Si tel est bien le cas, il n’y a aucune raison de penser qu’à long terme la France serait mieux lotie en dehors de l’euro qu’à l’intérieur, à moins qu’on n’arrive à expliquer que la sortie de l’euro permettrait d’améliorer l’un des facteurs de la production potentielle.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Au final on nous propose le chemin vert au lieu du chemin rouge : </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGJLwc__2hRwohjEQPPnYbySBDJ1c9DrUdKiMIhKa4uk0umGY90KnZ1yWvI63ko5hgTQuJ1bphPfQgp2GvH1Uez03l101yAP3Ee85B25DjKtOk04bSMGl8c1NDz_H-QcH3yCYzoile-1U/s640/blogger-image-1638502359.jpg" imageanchor="1" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: start;"><span style="color: black;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGJLwc__2hRwohjEQPPnYbySBDJ1c9DrUdKiMIhKa4uk0umGY90KnZ1yWvI63ko5hgTQuJ1bphPfQgp2GvH1Uez03l101yAP3Ee85B25DjKtOk04bSMGl8c1NDz_H-QcH3yCYzoile-1U/s640/blogger-image-1638502359.jpg" /></span></a></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dans le cas rouge, on est sur la pente du « mauvais équilibre », le potentiel reste le même mais parce qu’on ne résoud toujours pas à relancer l’économie, l’écart avec le potentiel reste positif voire même grandit. Finalement, quelque part dans le futur les choses s’arrangent, soit parce que les salaires ont finalement suffisamment baissé relativement aux voisins et que les coûts correspondent à nouveau aux productivités de chaque pays, soit parce que les agents ont fini par réussir, douloureusement à réduire le fardeau de leur dette. Les vents contraires cessent et l’économie retourne au potentiel. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dans le cas vert, on sort de l’euro et on dévalue, ce qui provoque une crise financière ainsi qu’une crise économique. Finalement, la compétitivité restaurée permet à l’économie de rebondir et de retourner au potentiel.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La préférence pour l’une ou l’autre solution dépend de la différence entre les aires A et B, qui représente la perte nette à quitter l’euro. Si A > B, il vaut mieux rester dans l’euro, et inversement. Ces aires dépendent de l’ampleur de la crise provoquée par la sortie, de sa durée avant que la hausse de la compétitivité ne permette de retrouver la croissance. Elles dépendent également du moment dans le futur où les choses s’arrangeront dans le cas où on n’abandonne pas l’euro. L’expérience de l’Argentine tend à laisser penser que la crise serait très importante et durable, et les récentes bonnes nouvelles sur le front économique que les choses pourraient s’arranger plus rapidement qu’on le pensait. Néanmoins il est possible de penser le contraire. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Le problème, c’est que ce n’est pas l’argument avancé. Les Frexitistes laissent croire leurs auditeurs, lecteurs et électeurs crédules que le point d’arrivée après la crise sera nettement plus haut que précédemment, et pour toujours. Pour arriver à cette conclusion ils partagent une idée avec les austéritaires, celle qu’une économie structurellement exportatrice est en meilleure santé qu’une économie importatrice. Mais contrairement aux austéritaires, dont le mercantilisme latent a au moins l’avantage de les faire reconnaître qu’il faut investir dans des secteurs à haut rendement pour augmenter le potentiel de production, les Frexististes donnent l’impression qu’il suffira de dévaluer pour maintenir un surplus commercial. Certes des dévaluations successives permettront de doper les exportations françaises, mais elles réduiront le pouvoir d’achat dans les produits même partiellement fabriqués à l’étranger. Les Français s’appauvriront pour fournir des produits de qualité constante à prix de plus en bas. Le point d’arrivée de cette dynamique, c’est le Bangladesh ou l’autarcie.</span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Il est possible de soutenir que la production potentielle est plus élevée dans le scénario où la France sort de l’euro. Par exemple, si les fluctuations du Franc permettent de limiter l’impact des crises on obtient un chômage moyen est plus bas, ce qui a un impact positif sur l’employabilité et la productivité des actifs (effet d’hystérèse). Ou bien si la hausse à court terme des marges des entreprises conduit les entreprises à investir. Ou encore, si la stagnation séculaire se vérifie, que l’économie ne revient jamais au potentiel. Mais il est également possible de soutenir le contraire, si la perspective d’une dévaluation permettra aux entreprises de négliger leur compétitivité hors-coût et d’acheter la paix sociale en distribuant des augmentations de salaire. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Pour conclure, il est douteux d’affirmer que l’impact à long terme est positif ; ensuite dans les conditions actuelles il faut être déraisonnablement optimiste sur les conséquences du Frexit pour que l’impact à moyen terme soit positif ; enfin à court terme, personne n’ose suggérer que ce ne sera pas douloureux.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Mon point de vue personnel est que quitte à investir de l’énergie dans un projet politique européen, autant favoriser le développement de l’union de transferts, par exemple via un impôt communautaire permettant de financer une assurance-chômage européenne. Mais il n’engage que moi.</span></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both;">
<br /></div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-35232192392177470182015-02-23T01:34:00.001-08:002015-02-23T10:09:47.956-08:00L'OFCE, le déclin productif et la gouvernance partenariale<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: justify;">
<span style="color: black; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 1.38; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Pour mon premier billet en tant qu’invité sur ce blog, je commence par un conseil de lecture. L’OFCE vient de sortir un </span><a href="http://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/dtravail/WP2015-04.pdf" style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 1.38; text-decoration: none;"><span style="color: #1155cc; text-decoration: underline; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">document de travail sur le tissu productif français</span></a><span style="color: black; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 1.38; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">. Un énième article sur le déclin de l’industrie en France ? C’est depuis une bonne décennie un grand classique des </span><a href="http://pdf.20mn.fr/2012/autres/rapport-lg-pacte-competitivite.pdf" style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 1.38; text-decoration: none;"><span style="color: #1155cc; text-decoration: underline; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">commandes de rapports</span></a><span style="color: black; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 1.38; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">, des </span><a href="http://www.fayard.fr/la-france-sans-ses-usines-9782213665979" style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 1.38; text-decoration: none;"><span style="color: #1155cc; text-decoration: underline; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">livres d’économie politique grands publics</span></a><span style="color: black; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 1.38; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"> et des </span><a href="http://www.la-fabrique.fr/uploads/telechargement/Industrie_en_France.pdf" style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 1.38; text-decoration: none;"><span style="color: #1155cc; text-decoration: underline; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">think-tanks</span></a><span style="color: black; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; line-height: 1.38; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"> plus ou moins portés sur l’économie. Oui mais cet article, coécrit par Xavier Ragot et surtout Michel Aglietta apporte un regard vraiment original. Avec eux, on dépasse rapidement l’alternative classique entre politique d’offre (en prenant systématiquement exemple sur le modèle allemand) et relance par la demande. L’article insiste plutôt sur les questions financement des entreprises, gouvernance actionnariale et qui pose même la (très bonne) question “est-il raisonnable de considérer que ce sont les actionnaires qui possèdent l’entreprise ?”.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><b style="font-weight: normal;"><br /></b></span></span>
</div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="background-color: transparent; color: black; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">En revanche, certains points de l’analyse macro de l’article me semble mériter quelques éclaircissements. L’article parle de la situation “paradoxale” du financement des entreprises en France. Pourquoi, se demande l’article, alors que la rentabilité du capitale est si basse, les entreprises ont-elles continué à investir ? Ça n’est pas tant un paradoxe qu’un enchaînement malheureusement logique de circonstances à mon sens…</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><b style="font-weight: normal;"><br /></b></span></span>
</div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="background-color: transparent; color: black; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Que les auteurs souhaitent que les entreprises montent en gamme plutôt qu’elles se contentent de renouveler leur capital et qu’ils se demandent pourquoi ça n’est pas le cas, on le comprend facilement. Mais pourquoi serait-ce un paradoxe ? Le constat qu’ils font d’entreprises qui ont utilisé la baisse des frais financiers pour augmenter la rémunération des actionnaires explique à mon sens assez bien pourquoi le taux d’investissement ne s’est pas dégradé (les dividendes ont été financées par les taux d’intérêts bas)... et pourquoi en revanche le passif financier des entreprises, lui, s’est dégradé ? Eh bien on peut justement penser que préférer les dividendes à l’investissement n’aide pas vraiment de ce côté-là ! Et si les entreprises ont investi à “courte-vue” dans le renouvellement de leur capital, cela s’explique - et la suite de l’article le montre - par une mauvaise gouvernance et une place trop grande prises par les actionnaires. Quant au paradoxe initial, la baisse de la rentabilité du capital qui n’a pas donné lieu à une baisse de l’investissement, on peut prendre le problème à l’envers : comme on l’a vu l’investissement est resté en ligne avec l’activité mais s’est concentré sur le renouvellement, et ceci a fait nécessairement chuté la rentabilité moyenne du capital (il paraît assez probable que la montée en gamme et la modernisation soient plus profitables que le renouvellement du capital !). Une question qui reste alors est de savoir s’il s’agit d’une stratégie choisie (par crainte du risque ou la volonté d’assurer des rendements de court-terme, ce que semble suggérer l’article) ou subie (car la structure du capital productif actuel nécessiterait un renouvellement plus fréquent).</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><b style="font-weight: normal;"><br /></b></span></span>
</div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="background-color: transparent; color: black; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Une deuxième petite remarque : l’argument de l’investissement dans l’immobilier ne tient pas. En effet l’investissement </span><span style="background-color: transparent; color: black; font-style: italic; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">hors immobilier</span><span style="background-color: transparent; color: black; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"> n’a pas tellement baissé non plus (voir le graphique ci-dessous tiré de </span><a href="http://www.bpifrance.fr/content/download/6725/73982/version/2/file/Assises%20Investissement%20-%20Situation%20Investissement%20-%20Note%20approfondie.pdf" style="text-decoration: none;"><span style="background-color: transparent; color: #1155cc; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: underline; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">ce rapport de BPI France</span></a><span style="background-color: transparent; color: black; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">).</span></span></span><br />
<br /></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: justify;">
<div>
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="background-color: transparent; color: black; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: bold; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Taux d’investissement hors construction des sociétés non financières</span></span></span></div>
</div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: justify;">
<div>
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="background-color: transparent; color: black; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><img height="234px;" src="https://lh6.googleusercontent.com/m_OgKmP3c-g-ddjd04Mg8DBVvmP9VMO1TQ3eUEXFGK5RObFe8X02E_4MRGsqfxw4EDaivlSK8nxowrLdl30-r91SAkP5txk86kltiIM5REf83S_LeNTDBnILQ70xF1EYVvw" style="-webkit-transform: rotate(0.00rad); border: none; transform: rotate(0.00rad);" width="334px;" /></span></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><b style="font-weight: normal;"><br /></b></span></span>
</div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="background-color: transparent; color: black; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Et, comme le montrait </span><a href="http://insee.fr/fr/indicateurs/analys_conj/archives/d1_122013.pdf" style="text-decoration: none;"><span style="background-color: transparent; color: #1155cc; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: underline; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">une étude de l’Insee</span></a><span style="background-color: transparent; color: black; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">, l’investissement - même en dehors de l’immobilier - est globalement en ligne avec son comportement attendu au vu de l’activité. En d’autres termes, l’immobilier n’explique pas vraiment le “paradoxe”.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><b style="font-weight: normal;"><br /></b></span></span>
</div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="background-color: transparent; color: black; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Dans la deuxième moitié de l’article Aglietta (j’imagine que cette partie est de lui) montre que s’il faut s’inspirer de l’Allemagne, c’est surtout du côté de l’organisation de son système productif (Mittelstand) qu’il faut regarder, et surtout que le système actionnarial français produit un modèle de financement structurellement inefficace. Il invoque pour ça, avec beaucoup de pédagogie, la théorie des contrat et propose même une alternative, la gouvernance partenariale. Il faut parfois un peu s’accrocher pour ceux qui n’ont pas calculé des équilibres de Nash depuis longtemps, mais le tout reste assez clair et pédagogique.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div dir="ltr" style="line-height: 1.38; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="background-color: transparent; color: black; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">En dépit des quelques remarques, article excellent article, donc, qui sort des poncifs habituels sur la politique industrielle française, et qui donne envie de </span><a href="http://www.apses.org/debats-enjeux/ses-et-serie-es-dans-les-media/article/petition-pour-le-pluralisme#.VOYxkGOGd8E" style="text-decoration: none;"><span style="background-color: transparent; color: #1155cc; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: underline; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">soutenir les voix trop souvent marginalisées de l’économie française !</span></a><span style="background-color: transparent; color: black; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; text-decoration: none; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"> </span></span></span></div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-71974551678512713722015-01-08T05:12:00.002-08:002015-01-08T05:32:43.444-08:00#jesuisCharlie<div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Après le deuil et le recueillement, il y a le temps de l'analyse. Celle produite par Juan Cole (<a href="http://www.juancole.com/2015/01/sharpening-contradictions-satirists.html">lien</a>), professeur d'histoire à l'université du Michigan, est intéressante et l'Histoire justement lui donnera raison ou non. Mais le mécanisme qu'il décrit est un grand classique des révolutions, qu'on peut analyser par le prisme de la théorie des jeux et de l'économie politique : confrontée à une majorité de musulmans français complètement désintéressée par le Jihad, Al-Qaïda (ou une autre organisation terroriste) cherche à les isoler du reste de la population afin d'augmenter sa base de recrutement. Les attentats d'aujourd'hui contre des mosquées semblent indiquer que jusqu'à présent, cette stratégie peut fonctionner, grâce aux nombreux excités identitaires français. </span></div>
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">
</span></div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">On retiendra donc cette phrase : “Sharpening the contradictions” is the strategy of sociopaths and totalitarians, aimed at unmooring people from their ordinary insouciance and preying on them, mobilizing their energies and wealth for the perverted purposes of a self-styled great leader."</span><br />
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Et pour ceux qui souhaitent comprendre, il y a toujours le blog d'Abou Djaffar sur Le Monde, et cet <a href="http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2015/01/02/pigeon/">article</a> prophétique écrit il y a une semaine.</span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div style="-webkit-text-size-adjust: auto; font-family: UICTFontTextStyleBody; font-size: 16px;">
<br /></div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-57278136922656491022015-01-04T03:26:00.002-08:002015-01-04T03:26:34.060-08:00Marronnier de début d'année<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A chaque changement d'année, il est de coutume dans la blogosphère de rappeler les plus grands succès de l'année venant de s'écouler, et je ne ferai pas exception. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">1) De très loin, la série "Les faux économistes" (<a href="http://biasedstatistics.blogspot.fr/2014/04/les-faux-economistes.html">Partie 1</a>, <a href="http://biasedstatistics.blogspot.fr/2014/04/les-faux-economistes-suite-et-fin.html">Partie 2</a>) , citée par Alexandre Delaigue, qui empiétait assez largement sur son turf. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">2) "<a href="http://biasedstatistics.blogspot.fr/2014/04/la-classe-moyenne-nexiste-pas.html">La classe moyenne n'existe pas</a>" (<a href="http://biasedstatistics.blogspot.fr/2014/04/la-classe-moyenne-nexiste-pas.html">lien</a>) au du moins, pas au sens statistique. Il y a par contre plein de définitions sociologiques, relatives ou absolues (communauté d'intérêts, travailler pour vivre, être capable de partir en vacances, etc....). Pour souligner à quel point c'est un sujet difficile, voici un article récent de Timothy Taylor tentant de définir la classe moyenne mondiale : <a href="http://conversableeconomist.blogspot.fr/2015/01/middle-class-reflections-on-identity.html">Middle Class: Reflections on Identity and Aspiration</a>. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">3) "<a href="http://biasedstatistics.blogspot.fr/2014/12/la-france-est-elle-en-declin.html">La France est-elle en déclin</a>?" parce que c'était facile de surfer sur le succès de Zemmour. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Bonne année 2015!</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-14913238434707559602014-12-18T01:31:00.002-08:002014-12-18T01:31:40.466-08:00Sinn versus Saraceno : 0-2<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">Il semblerait que Hans-Werner Sinn, un économiste respecté outre-Rhin mais très critiqué ailleurs pour son opposition à toute mesure expansionniste, qu'elle soit monétaire ou budgétaire, soit vexé par la levée de boucliers que sa tribune dans le Financial Times en septembre - critiquant ouvertement la politique de Mario Draghi - a provoquée. Il a récemment écrit à Francesco Saraceno pour mieux expliciter sa position. Francesco Saraceno répond </span><a href="https://fsaraceno.wordpress.com/2014/12/17/mr-sinn-on-emu-core-countries-inflation/" style="font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">ici</a>.</span></div>
</div>
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<div dir="ltr">
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Pour mémoire, voici les posts que j'avais consacrés au sujet en septembre : </span></div>
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><div style="text-align: justify;">
<a href="http://www.biasedstatistics.blogspot.fr/2014/09/i-dont-understant-most-german-economists.html">I don't understand most German economists</a></div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="http://www.biasedstatistics.blogspot.fr/2014/09/deutsche-okonomen_30.html"></a><a href="http://www.biasedstatistics.blogspot.fr/2014/09/deutsche-okonomen_30.html">Deutsche Ökonomen</a></div>
</span></div>
</div>
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<br /></div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-73531978485375396302014-12-03T08:53:00.001-08:002015-01-02T10:32:32.797-08:00La France est-elle en déclin?<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">Critiquer le modèle français est un sport à la mode. N’ayant aucune expertise particulière sur les questions sociétales, je ne m’aventurerai pas à commenter les nombreux livres que les névrosés de la grandeur perdue publient à chaque rentrée littéraire autrement que sous l’angle économique.</span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">C’est bien connu, la France a un modèle économique dépassé, fondé sur l’interventionnisme d’Etat et des dépenses publiques impliquant soit des impôts étouffants, soit une dette insoutenable. Cette vision est tellement bien ancrée dans les esprits qu’on peut aujourd’hui écrire dans tous les quotidiens nationaux qu’il faut ramener le niveau de la dépense publique à tout prix au niveau de celle de nos voisins les moins « dépensiers » sans que personne n’ose émettre un doute. De même, il faut sans plus tarder entreprendre les réformes structurelles nécessaires à la libération des forces vives de la Nation, sans quoi notre pays s’enlisera plus profondément encore dans le déclin. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La science économique, et les théoriciens de la croissance plus particulièrement, étudient les déterminants du développement et de la croissance. Ces déterminants ne sont pas les mêmes lorsqu’on considère les pays développés et les autres. Et en effet, pour un pays en voie de développement les données suggèrent que la stabilité politique, l’ouverture commerciale, des institutions juridiques protectrices des intérêts privés et une forte épargne nationale (privée ou publique) permettent l’accumulation de capital (machines, outils, routes, bâtiments…) nécessaire à l’accroissement de la productivité des travailleurs, ainsi que l’importation de technologies - au sens large, cela comprend les modes d’organisation - menant à une utilisation des facteurs de production la plus optimale possible. Concrètement, ces économies « rattrapent » la productivité horaire des travailleurs des pays développés en accumulant du capital et en imitant les procédés. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Pour un pays développé, dont on dit qu’il est « à la frontière technologique », et pour lequel la productivité d’une unité supplémentaire de capital est nulle, il ne sert à rien d’épargner plus que l’investissement nécessaire au remplacement du capital se dépréciant, et éventuellement à l’absorption des gains de population active. De même, les gains à l’ouverture commerciale se font de plus en plus rares, celle-ci ne permettant que la diffusion plus rapide des nouvelles technologies : dans la nouvelle économie internationale (une branche de la science économique), les gains à la spécialisation sont assez faibles à cause de l’hétérogénéité des préférences. De fait on constate que l’essentiel des échanges entre pays développés porte sur des biens assez similaires (la France exporte et importe énormement de voitures). </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Cette difficulté à identifier les facteurs de réussite laisse la part belle à l’imagination et aux préjugés. Dans le logiciel de beaucoup de commentateurs de l’actualité économique, il semblerait qu’il soit impossible d’imaginer qu’un pays aussi peu flexible que la France - ce que je ne conteste pas - puisse faire jeu égal avec ses voisins. Mais si la France avait une économie aussi sclérosée qu’on le dit, cela devrait bien finir par se voir dans les indicateurs macroéconomiques. Or ce n’est clairement pas le cas. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">Les deux graphiques ci-dessous étudient la croissance du PIB (en parité de pouvoir d’achat) par habitant en âge de travailler (15-64 ans), ce nous donne une mesure de la production par habitant qui n’est pas trop perturbée par la démographie. Ce n’est pas non plus exactement la productivité par emploi, car un pays à l’économie « sclérosée » comme la France tend à tenir les adultes en âge de travailler les moins productifs hors de l’emploi, ce qui biaiserait notre étude.</span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le premier graphique donne l’évolution moyenne de cet indicateur pendant la crise. On s’aperçoit que la France se situe pile au milieu du lot, avec un PIB par personne en âge de travailler en 2013 égal à celui de 2007. Les pays n’ayant pas retrouvé leur richesse par habitant d’avant la crise sont notamment le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Canada, les Pays-Bas et la Finlande (combien d’entre vous auraient parié à tort que ces pays s’en sortaient mieux que la France?).</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUzQwzQ2BApswu9FYdQpqOQndd3oZfRdQkYkGGiQAQcZh6RYO2F-M8Hw2or6jsTmQWPQ5foEqO2mi1KK3cuwvVCwu9HEOorZ5qo4NDz_v5QEB1WqFHxRheGbEeY9ECmrsG2k-QruW954E/s640/blogger-image--1905056067.jpg" imageanchor="1" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: black; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><img border="0" height="299" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUzQwzQ2BApswu9FYdQpqOQndd3oZfRdQkYkGGiQAQcZh6RYO2F-M8Hw2or6jsTmQWPQ5foEqO2mi1KK3cuwvVCwu9HEOorZ5qo4NDz_v5QEB1WqFHxRheGbEeY9ECmrsG2k-QruW954E/s400/blogger-image--1905056067.jpg" width="400" /></span></a></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">Le deuxième graphique donne le taux de croissance de cet indicateur par pays de 1990 à 2007, soit un cycle économique complet au cours duquel les pays de l’OCDE ont connu au moins deux épisodes récessifs avant de rebondir, en fonction de son niveau en 1990. On s’attend à ce que la plupart des pays se trouvent soit dans le cadran nord-ouest, celui des pays les moins développés en 1990 et ayant connu une croissance plus importante que la moyenne, soit dans le cadran sud-est, celui des pays plus développés, à la frontière technologique, et ayant cru à une vitesse moindre. On constate qu’il y a des points aberrants, comme la Norvège et le Luxembourg, qui étaient déjà plus riches que la moyenne en 1990 mais ont continué de croître, ou la Grèce, le Portugal et la République Tchèque qui sont dans le cas inverses. Mais a part ces pays-là, et compte tenu de la marge d’erreur sur le calcul des parités pouvoir d’achat, la relation linéaire est assez directe.</span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); color: black; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeXxpjHimBsm0cjCUaIKOWc3zH6Xm8rz1MJN_O628GdIMrADhcAHBd3UD3d0LZ2ISYdQspXKuM6MPTPXwTZ11tRgHtHtyCy4eSVvgoILGPli05CUhQfTW64MrA7EzaWsqs_kjeXZ1xqdI/s640/blogger-image-1378547253.jpg" imageanchor="1" style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="295" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeXxpjHimBsm0cjCUaIKOWc3zH6Xm8rz1MJN_O628GdIMrADhcAHBd3UD3d0LZ2ISYdQspXKuM6MPTPXwTZ11tRgHtHtyCy4eSVvgoILGPli05CUhQfTW64MrA7EzaWsqs_kjeXZ1xqdI/s400/blogger-image-1378547253.jpg" width="400" /></a></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;">Si on s’intéresse au cas de la France, on constate qu’elle a cru au cours de cette période à la même vitesse que l’Autriche la Suède, le Canada, la Belgique et les Etats-Unis, légèrement moins vite que l’Allemagne et légèrement plus vite que l’Italie. Le Royaume-Uni a cru plus vite mais partait de plus bas (et a connu un fort boom dans les années 2000), le Japon a cru moins vite mais partait de plus haut. Le premier enseignement, c’est que la France a cru à la même vitesse que des pays qui étaient tous déjà plus riches par adulte qu’elle en 1990. Sur une période aussi longue, au cours de laquelle les cycles économiques étaient assez synchrones, seuls des facteurs structurels peuvent expliquer le manque de rattrapage de la France.</span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: 'Helvetica Neue Light', HelveticaNeue-Light, helvetica, arial, sans-serif;"> </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Mais un manque de rattrapage n’est pas un déclin. De fait, c’est chose connue que la France connaît un taux d’emplois des 15-64 ans assez faible, ce qui mécaniquement se traduit, à productivité identique, par un PIB par habitant plus faible. <b><u>Cependant la thèse des déclinistes n’est pas seulement que la France produit moins de valeur ajoutée que ses voisins, ce que personne ne nie, mais que l’écart se creuse, ce qui n’est pas le cas. </u></b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><b><u><br /></u></b></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Alors pourquoi cet écart ne s’est-il pas résorbé ? L’explication des taux d’activité est la plus probable. Le côté « sclérosé » de l’économie française se traduit par un plus faible emploi des seniors - qui sont encouragés à partir plus tôt qu’ailleurs à la retraite - et un plus faible emploi des 15-24 ans - qui n’ont pas besoin de travailler pour payer leurs études. Le taux d’emploi des 25-54 ans en France est en revanche assez élevé, ce qui compense seulement partiellement la sous-activité des jeunes et des seniors. On notera que même parmi les actifs, le nombre important de chômeurs est compensé par un nombre de temps partiels faible en comparaison des autres pays. Finalement, tout se passe comme si les Français avaient collectivement choisi de moins travailler, ce qui pèse sur le revenu par tête, mais que leur productivité augmente comme celle des autres pays, ce qui maintient les écarts constants. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les Français font peut-être une erreur de moins travailler en moyenne sur toute une vie, je n’en sais rien, mais celui qui l’affirmera (ou affirmera le contraire) ne fait pas de sciences sociales, il utilise des arguments en général politiques (tel groupe ne veut plus financer tel autre groupe) et/ou moralistes (vouloir se reposer est un péché en soi). Faut-il décourager la solidatité inter-générationnelle ou rendre les études si chères que les étudiants devraient travailler pour les financer ? Faut-il repousser l’âge légal de départ à la retraite ? Faut-il maintenir les taux d’emplois des seniors et des étudiants à leurs niveaux actuels mais compenser par un travail plus intensifs chez les 25-54 ans ? Comment le financement des retraites est-il assuré, et quel groupe (retraités actuels, imminents, futurs) faut-il pénaliser pour rétablir l’équilibre ? Ce serait mentir que prétendre qu’il existe une réponse optimale et dénuée de jugement moral. </span></div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-69868124417905074472014-11-18T05:28:00.003-08:002014-11-18T05:28:58.737-08:00Le problème allemand<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Navré pour la fréquence de publication réduite ces derniers temps, des obligations professionnelles se sont accumulées. Elles sont toujours nombreuses, l'article d'aujourd'hui n'est qu'une revue de blogs. </span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Beaucoup de commentateurs (<a href="http://mainlymacro.blogspot.fr/2014/10/why-eurozone-suffers-from-germany.html">Simon Wren-Lewis</a>, <a href="http://fatasmihov.blogspot.fr/2014/11/german-economic-policy-and-chameleons.html">Antonio Fatas</a>, ou <a href="http://www.biasedstatistics.blogspot.fr/2014/09/i-dont-understant-most-german-economists.html">moi-même</a>) restent perplexes devant l'incapacité des élites allemandes à percevoir le problème des déséquilibres macroéconomiques européens de la même façon que la plupart des économistes universitaires. Rarement dans l'histoire des sciences sociales n'ont les décideurs autant été sourds aux interprétations, certes parfois contestables mais souvent fondées, des chercheurs ayant consacré leur carrière à l'étude de ces phénomènes. Ce qui est particulièrement frustrant c'est qu'il ne semble pas que la source de cette surdité soit les intérêts financiers, le lobbying privé ou l'égoïsme nationaliste car il n'y a aucune raison de penser (à moins d'être germanophobe) que ces facteurs prévalent en Allemagne plus qu'ailleurs. </span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Il faut donc se retourner vers l'histoire, et un article récent de Wolfgang Münchau dans le Financial Times offre un début de réponse. Il reste à savoir pourquoi la communauté économique allemande est à ce point isolée du reste du monde, ou pourquoi, si elle ne l'est pas, elle semble n'avoir aucune prise sur le débat. Je n'ai jamais apprécié les explications à base de "facteurs culturels", qui servent souvent à maquiller l'ignorance et les préjugés par de la pseudo-science, mais il faut bien reconnaître parfois qu'il doit bien y avoir des causes plus profondes. L'article est <a href="http://www.ft.com/intl/cms/s/0/e257ed96-6b2c-11e4-be68-00144feabdc0.html?siteedition=intl#axzz3JGwp5Qdt">ici</a>. </span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-65512351209645857502014-10-27T09:56:00.000-07:002014-10-27T10:01:50.426-07:00Sapin révise les hypothèses pour se conformer au Pacte de Stabilité<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Contrairement à ce que les <a href="http://m.lesechos.fr/economie-france/budget-la-france-annonce-des-economies-supplementaires-pour-amadouer-bruxelles-0203891902425.htm">titres</a> de presse indiquent, </span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">aucune nouvelle mesure de réduction du déficit n'a été annoncée, seulement une révision des hypothèses qui déterminent le budget. Finalement, c'était la meilleure chose à faire pour éviter d'introduire de la pro-cyclicité dans la règle budgétaire, et permettre à nos partenaires européens de valider le budget sans décrédibiliser le Pacte de Stabilité. </span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Mais on se demande quand même pourquoi le gouvernement a choisi de réviser à la baisse la croissance potentielle entre avril et octobre (<a href="http://biasedstatistics.blogspot.fr/2014/10/de-la-souplesse-des-regles-budgetaires.html?m=1">lien</a>). Sans cette révision, on aurait pu éviter tout ce psychodrame. </span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<br /></div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-60241443152778843362014-10-24T03:01:00.003-07:002014-10-24T03:01:37.638-07:00Sondage: effet redistributif des politiques publiques<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dans ce sondage, on vous demande de classer suivant un axe gauche/droite les différentes réformes proposées, selon leur impact sur le pouvoir d'achat des différents ménages (aisés, démunis, classe moyenne...). Cela ne tient évidemment pas compte d'autres dimensions. </span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le but est de vérifier s'il y a un lien entre volonté de redistribution et positionnement gauche/droite, et si oui lequel? </div>
</span><div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><div style="text-align: justify;">
<a href="https://www.quicksurveys.com/s/k4BCg78">lien vers le sondage</a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les résultats seront analysés ici plus tard. Ce sondage n'ambitionne nullement d'être représentatif, vous pouvez le transférer à vos amis. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</span></div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-41251911799885538002014-10-17T05:14:00.002-07:002014-10-17T07:29:30.874-07:00The single most powerful argument for granting an extension to France
and Italy<div style="text-align: justify;">
<a href="http://fsaraceno.wordpress.com/2014/10/17/confusion-in-brussels/"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Confusion in Brussels, Francesco Saraceno</span></a></div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br></span></div>
</div>
<div>
<div dir="ltr">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">"To summarize it, here is what it says:</span></div>
<ol>
<li style="text-align: justify;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A recession triggers a reduction of the potential growth rate (the maximum rate at which the economy can grow without overheating) because of<a href="http://www.nber.org/chapters/c4245.pdf">hysteresis</a>: unemployed workers lose skills and/or exit the labour market, and firms scrap productive processes and postpone investment. I would add to this that hysteresis is non linear: the effect, for example on labour market participation, of a slowdown, is much larger if it happens at the fifth year of the crisis than at the first one.</span></li>
<li style="text-align: justify;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">According to the Commission’s own estimates Italy’s potential growth rate dropped from 1.4% on average in the 15 years prior to the crisis (very low for even European standards), to an average of -0.2% between 2008 and 2013. A very large drop indeed.</span></li>
<li><div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">(Here it becomes interesting). The box in the Italian plan argues that we have two possible cases:</span></div>
<ol type="A">
<li style="text-align: justify;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Either the extent of the drop is over-estimated, most probably as the result of the statistical techniques the Commission uses to estimate the potential. But, if potential growth is larger than estimated, then the output gap, the difference between actual and potential growth is also larger.</span></li>
<li style="text-align: justify;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">As an alternative, the estimated drop is correct, but this means that Italy there is a huge hysteresis effect. A recession is not only, as we can see every day, costly in the short run; but, even more worryingly, it quickly disrupts the economic structure of the country, thus hampering its capacity to grow in the medium and long run.</span></li>
</ol>
</li>
</ol>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">The box does not say it explicitly (it remains an official government document after all), but the conclusion is obvious: either way the Commission had it wrong. If case A is true, then the stagnation we observed in the past few years was not structural but cyclical. This means that the Italian deficit </span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">was mainly cyclical (due to the large output gap), and as such did </span><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">(and does) not need to be curbed. The best way to reabsorb cyclical deficit is to restart growth, through temporary support to aggregate demand. If case B is true, then insisting on fiscal consolidation since 2011 was borderline criminal. When a crisis risks quickly disrupting the long run potential of the economy, then </span><em style="-webkit-text-size-adjust: auto;">it is a duty of the government</em><span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"> to do whatever it takes to fight, in order to avoid that it becomes structural."</span></span></div>
</div>
<div dir="ltr">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br></span></div>
</div>
<div dir="ltr">
<div style="text-align: justify;">
<span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">I'm sure Commission economists know that, but their bosses?</span></div>
</div>
</div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-89784609470483938602014-10-15T06:19:00.002-07:002014-10-15T10:24:09.074-07:00De la souplesse des règles budgétaires européennes<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">J'ai déjà expliqué </span><a href="http://biasedstatistics.blogspot.fr/2014/09/les-regles-budgetaires-europeennes-sont.html?m=1" style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">ici</a><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"> pourquoi les règles budgétaires européennes sont beaucoup plus souples qu'on ne le pense. Elles sont conçues pour éviter la pro-cyclicité, et le calcul de l'effort structurel repose sur des hypothèses de croissance potentielle qui ont vocation à être stables dans le temps.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">À cette lumière il est difficile de comprendre pourquoi le gouvernement cherche l'affrontement avec la Commission, puisqu'il aurait été tout aussi simple de ne pas réviser à la baisse la croissance potentielle pour faire apparaître un effort structurel acceptable pour Bruxelles.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Le seul résultat est de faire voler en éclat ces règles budgétaires, qui, si on les maîtrise, sont pourtant assez souples en période de crise pour permettre à l'Etat de jouer son rôle stabilisateur, et assez contraignantes en période faste pour forcer le gouvernement à réduire sa dette en prévision de la prochaine crise. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Voilà l'article que je souhaitais écrire aujourd'hui, mais Xavier Timbeau m'a devancé <a href="http://www.ofce.sciences-po.fr/blog/linfinie-maladresse-du-budget-francais/">ici</a>. Extraits :</span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">"(...)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span></div>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<blockquote class="tr_bq">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; text-align: justify;">C’est ici que le projet de budget 2015 matérialise l’infraction au traité. L’effort en 2014 n’est plus que de 0,1 point et est annoncé à 0,2 point en 2015. Ces chiffres sont ainsi inacceptables par la Commission. Comment expliquer cette modification provocatrice ? Plusieurs éléments y concourent. Le premier est une modification de la norme de comptabilisation du CICE qui conduit à inscrire en</span><span style="text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; text-align: justify;">2015 les dépenses générées en 2015 et payées en 2016. Au moment où le CICE monte en charge, c’est 0,2 point de PIB en moins dans l’effort budgétaire français. Le second est une modification de l’hypothèse de croissance potentielle. Au lieu de 1,5% de croissance potentielle dans le programme de stabilité 2014-2017, celle-ci est supposée être de 1,2% sur la période 2014-</span><span style="text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; text-align: justify;">2017. A méthode constante, l’effort en 2014 aurait été de 0,5 point du PIB et de 0,6 point en 2015. La différence avec le programme de stabilité d’avril 2014 s’explique par la révision à la baisse de l’inflation et par quelques modifications sur les mesures. La nouvelle présentation du même budget, avec une </span><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; text-align: justify;">modification marginale du contexte économique, est celle d’une absence d’effort structurel. Non seulement l’objectif nominal ne sera pas atteint, mais en plus l’effort structurel de 2014 et de 2015 est abandonné. Et ce, à politique inchangée ! Pire, ce projet de budget laisse entendre que l’objectif nominal n’est pas atteint parce que l’effort structurel n’a pas été réalisé en 2014 et ne le sera pas en 2015.</span></blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Pourtant le gouvernement plaide les circonstances exceptionnelles. Pourquoi avoir modifié les hypothèses de croissance potentielle et n’avoir pas conservé la norme comptable antérieure pour présenter le projet de budget français 2015 ? Un effort de 0,6 point du PIB en 2015 au lieu d’un effort précédemment annoncé de 0,8 point du PIB n’aurait pas posé de problème à la Commission, qui aurait relevé des hypothèses trop hautes de croissance potentielle (comme d’ailleurs dans ses remarques sur le projet de budget 2014, que le Conseil n’a pas retenu en novembre 2013). Il aurait été simple de répondre que l’on ne change pas des hypothèses de croissance potentielle tous les 6 mois et que c’est d’ailleurs l’objet de ce concept et la raison de son introduction dans les traités et les règles européennes : éviter la pro-cyclicité des politiques budgétaires, éviter de faire plus de restriction budgétaire au moment où les mauvaises nouvelles s’amoncellent. Il aurait été acquis que la Commission a une appréciation plus basse que la France, mais la croissance potentielle est non observée et son évaluation repose sur de nombreuses hypothèses. Ainsi, il n’est pas précisé dans les traités ou les règlements si l’on considère une croissance potentielle à court terme ou à moyen terme. Or la Commission estime (dans le 2012 Ageing Report) que la croissance potentielle à moyen terme de la France est de 1,7% par an (en moyenne de 2010 à 2060) et de 1,4% en 2015. Et surtout, rien n’oblige la France à adopter l’hypothèse de la Commission. Le règlement EU 473/2011 demande que les hypothèses soient explicitées et qu’éventuellement des opinions extérieures soient demandées. </span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">(...)</span></div>
</blockquote>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Il est impossible de justifier la présentation faite : la Commission réprimandera la France, qui ne réagira pas, sûre de son droit (et comme l’a déjà annoncé son gouvernement). La Commission devra alors monter l’échelle des sanctions et il est peu probable que le Conseil l’arrête en route, d’autant que les décisions y seront prises à la majorité qualifiée inversée. Le French bashing prendra un nouveau tour et ceci ne fera apparaître que l’inutilité du processus, puisque la France ne changera rien à sa trajectoire de finances publiques. Cela dépréciera la parole et l’influence française au moment où s’élabore l’initiative d’un plan d’investissement de 300 milliards d’euros qui n’est voulu que par la France et la Pologne (d’après la rumeur), au risque de faire capoter une des rares initiatives qui pouvait nous faire sortir de la crise.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">(...)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La France pourrait revoir son projet de budget et ajouter des mesures, qui dans la nouvelle méthode comptable et avec une hypothèse plus basse de potentiel, lui permettent de tenir son engagement d’effort structurel d’avril 2014. Ce scénario est très improbable et c’est une bonne chose (voir le post d’Henri Sterdyniak). Improbable, parce que les presque 2 points de TVA à taux plein nécessaires pour arriver à un effort de 0,8% du PIB (et donc sans compenser le retard pris en 2014) ne seraient pas votés par le Parlement français. Bonne chose, parce qu’ils auraient induit une récession (ou un sérieux ralentissement) en France et une montée du chômage totalement inacceptables pour simplement sauver la face de la Commission et appliquer avec diligence les textes européens.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Il aurait été bien plus habile de s’en tenir aux hypothèses (et méthodes) du programme de stabilité 2014. Le Haut Conseil aurait protesté, la Commission aurait querellé mais les règles de la gouvernance européenne auraient été sauves. On dit que les statistiques sont la forme la plus avancée du mensonge. Entre deux mensonges, autant choisir le moins stupide."</span></div>
</blockquote>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-32159536057798546612014-10-14T07:34:00.001-07:002014-10-14T07:34:30.539-07:00Micro, macro : pas pareil<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">C'est tellement différent qu'obtenir un Prix Nobel dans l'un n'empêche pas de dire des bêtises sur l'autre :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="http://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/0203856854446-la-france-est-a-la-merci-dune-attaque-par-les-marches-selon-jean-tirole-1053440.php"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Jean Tirole</span></a></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">"Pour l'instant, on a eu la chance de payer des taux d'intérêt extrêmement faibles, mais si les marchés commencent à douter de la France, les taux d'intérêt vont augmenter très vite et la charge de la dette va devenir très lourde", a-t-il notamment expliqué."</span></div>
</blockquote>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Les marchés des titres, pour les nuls: il y a deux types d'actifs, les dettes publiques à long terme et faible rendement, les obligations/actions privées à court terme et fort rendement. </span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Si la demande s'effondre, les entreprises investissent moins, ce qui limite la demande de crédit. Les titres privés à bon rendement se raréfient, et les agents placent leur épargne dans de la dette publique à long terme en attendant des jours meilleurs, ce qui réduit le taux d'intérêt de la dette publique. Ce phénomène peut être renforcé par l'asymétrie d'information et la hausse de l'aversion au risque, ce qui réduit l'offre de crédit aux entreprises, et pousse les agents à préférer les bas de laine, et les banques à ne plus se faire mutuellement confiance. Donc première conclusion, il y a rationnement du crédit, via l'offre et via la demande. Deuxième conclusion les taux sur la dette baissent. </span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">La banque centrale va ensuite essayer de baisser les taux d'intérêt pour relancer la demande d'investissement des entreprises : si cela ne coûte pas cher de le financer, ça vaut peut être le coût de construire le deuxième entrepôt. Pour y parvenir elle va prêter à des taux très bas aux banques, ce qui leur permettra d'augmenter leur exposition à des actifs risqués et de court terme sans craindre de se retrouver à court de liquidité, ce qui a le mérite de jouer simultanément sur l'offre et la demande de crédit. </span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Mais plusieurs contraintes pèsent sur l'action de la banque centrale. D'abord les taux d'intérêt peuvent ne jamais être assez bas pour relancer l'investissement. Auquel cas les banques ne trouvent pas de projet à financer, les liquidités offertes par la banque centrale ne sont jamais utilisées et l'épargne nationale reste investie en dette publique. </span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Une solution possible est que la banque centrale prête directement, sans la marge des banques, de grosses sommes aux entreprises. La réussite de ce plan dépend de la structure du financement des entreprises : si elles émettent beaucoup d'obligations, il y a des actifs à acheter. Sinon, c'est difficile de se passer de l'intermédiaire bancaire. Une autre solution, c'est d'acheter tous les titres de dette publique, ce qui réduit encore plus son rendement, qui devient équivalent à celui de la monnaie. Cela donne une grosse incitation aux agents de financer les entreprises à bas coût, voir à taux réel négatif si l'inflation est non nulle. À un moment, il est probable que l'investissement reparte, mais cela peut nécessiter une augmentation considérable du bilan de la banque centrale. </span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Enfin, la banque centrale agit en général comme prêteur de dernier recours, ce qui permet de rendre la dette publique très liquide, car on trouvera toujours un acheteur. </span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Voilà le cadre d'analyse macro qui permet de réfléchir sur ce sujet. </span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Pour que la menace de Tirole soit possible, il faut prendre en compte la structure particulière des dettes publiques en Europe. Un agent économique à le choix entre plusieurs titres de dette, classés par rendement selon leurs primes de risque respectives. Avec une seule dette, il n'y a pas le choix, il faut que l'argent aille quelque part. Avec plusieurs dettes, la substitution de l'une par l'autre est possible. C'est pourquoi une forte hausse de taux est possible en Europe, mais impossible aux USA (1). </span></div>
<div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dans la zone euro, les rendements à 10 ans s'étalent de 0,89% pour la dette allemande à 6,71% pour la dette grecque. La dette française est à 1,26%. Il est donc théoriquement possible que la dette française se retrouve en queue de peloton des dettes publiques européennes. Mais les fondamentaux économiques en France sont meilleurs que dans la majorité des pays européens, c'est un des rares pays à avoir dépassé le pic de PIB pré crise, et même avec un déficit un peu au dessus de la moyenne, personne ne doute de la capacité de la France à le réduire si nécessaire, puisqu'elle y est parvenue sans trop d'effort de 2009 à 2013. Et puis surtout, les circonstances qui conduiraient la France à s'effondrer au point qu'on puisse douter de sa capacité à rembourser sa dette sont des circonstances où le reste de la zone euro est entraînée avec elle. En somme, il y a peu de chance que le classement des risques souverains change radicalement, les pays européens sont enchaînés les uns aux autres, et la France est au milieu. </span></div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En outre il y a d'autres raisons de critiquer la menace de Tirole. </span></div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">D'abord il ne précise pas d'où doit venir l'attaque. <span style="-webkit-text-size-adjust: auto; background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Si la dette française est abandonnée au profit d'un actif en devise, cela ne conduira à rien d'autre que la baisse de l'euro, ce qui serait considéré comme une bonne nouvelle pour l'économie européenne, et française en particulier compte tenu de la forte élasticité au taux de change de ses exportations. </span></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ensuite, il néglige complètement l'action de la BCE (c'est courant chez les microéconomistes d'ignorer la politique monétaire, et plus généralement de raisonner en équilibre partiel). Comme on l'a vu ci-dessus, la politique monétaire tend à réduire encore plus la moyenne des taux souverains, et à réduire la dispersion autour de la moyenne via le rôle de prêteur de dernier recours. Donc même si la France se retrouve par magie en queue de peloton, ça ne sera pas très loin de la moyenne, et les taux n'exploseront pas. </span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Bref, la prédiction de Tirole ne peut se réaliser que sous trois conditions :</span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">1) La dette française devient magiquement la plus risquée d'Europe sans aggraver la crise dans le reste de la zone euro. </span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">2) La banque centrale abandonne son rôle de prêteur de dernier recours.</span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">3) La hausse des taux est suffisante pour augmenter le déficit de façon insoutenable au point que le risque de défaut devient possible et tentant. Ce qui est tordu pour un État en déficit primaire, qui devra se financer par la dette même après un défaut. </span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">4) Les investisseurs se convainquent simultanément de 1, 2 et 3 et vendent avant que le défaut n'arrive, ce qui le provoque. </span></div>
</div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
</div>
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<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Je ne dis pas que c'est rigoureusement impossible. Mais bon. </span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">(1) : et c'est pourquoi la fin du QE ne se traduit pas par une hausse forte des taux souverains aux USA. </span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></div>
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<br /></div>
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Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-26977738892519620012014-10-07T14:17:00.000-07:002014-10-08T00:52:30.918-07:00La croissance est-elle l'ennemie du climat? (Épisode 3)<div dir="ltr">
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Update : la discussion se poursuit en commentaire. </span></span><br />
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span>
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Pour résumer, le système économique interagit avec la nature lorsqu’il utilise les ressources naturelles et émet des déchets. On peut ramener le cas des déchets à l’utilisation d’une ressource naturelle (l’eau propre, l’air non saturé en CO2, la terre sans déchets radioactifs…), ce qui nous conduit à l’équation d’évolution du stock d’une ressource R donnée :</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">R<sub>t+1</sub> = R<sub>t</sub> - u<sub>t</sub>.Y<sub>t</sub> + J</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Où Y est le PIB, J le renouvellement de R (peut dépendre de R, mais en général non), et u le taux auquel la ressource R est utilisée pour produire Y.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A long terme, Y croît au rythme de la population et du progrès technique. Pour éviter que le stock de ressources ne diminue drastiquement, il faut d’abord réussir à ce que l’utilisation soit inférieure au renouvellement lors d’une période T donnée, si possible proche dans le temps: u<sub>T .</sub>Y<sub>T</sub> < J.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">A partir de cette période T, le PIB mondial peut croître, à condition que le taux d’utilisation des ressources naturelles diminue d’autant. Cela n’est possible que par l’innovation technologique, ou la substitution d’une ressource naturelle par une autre qui se renouvelle plus vite.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dans la réalité, que se passe-t-il ? Le graphique 1 montre l’évolution depuis 1990 du PIB et des émissions de CO2 par tête, des émissions totales, et le ratio u appliqué à la ressource naturelle « air propre », c’est-à-dire l’utilisation de l’air (=les émissions de CO2) sur le PIB.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGFML-YbrECuJU6GMRclizFRu8FeIfyTia-qOSnABGn5CS0OuU-_YtZhtn3VCNCoqi-aVtYd2jIQIh7Etzl6jPAGMmidLJU9fliW5TWkG8n0wc2v9XZ8imqt_-PxNZS5mPZEzOEjkptOc/s640/blogger-image-476229217.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGFML-YbrECuJU6GMRclizFRu8FeIfyTia-qOSnABGn5CS0OuU-_YtZhtn3VCNCoqi-aVtYd2jIQIh7Etzl6jPAGMmidLJU9fliW5TWkG8n0wc2v9XZ8imqt_-PxNZS5mPZEzOEjkptOc/s400/blogger-image-476229217.jpg" width="400" /></a></span></span></div>
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">On constate que bien que le PIB/hab (en standard de pouvoir d’achat) a été multiplié par presque 2.5 en 20 ans, les émissions par tête n’ont augmenté que de 14%. Les émissions totales ont en revanche augmenté de 50% car la population a augmenté. L’intensité avec laquelle la ressource « air propre » est utilisée pour créer de la valeur a quant à elle été divisée par deux. Cela montre bien qu’il peut y avoir création de richesse sans nécessairement utiliser plus de ressources. L’augmentation totale des émissions est pour 2/3 liée à l’augmentation de la population, et pour 1/3 liée à l’augmentation des émissions par tête, qui seules peuvent être reliées à la croissance du PIB par tête.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Dans le graphique 2 ci-dessous, qui compare pour tous les pays du monde leur contribution au taux de croissance mondial des émissions et leur contribution au taux de croissance mondial du PIB en services, on voit d'ailleurs qu’il n’y a aucun lien entre cette création de richesse et les causes du réchauffement climatique. En revanche, même pour les pays de l’OCDE, il existe toujours un lien fort entre le taux de croissance du PIB total et les émissions (graphique 3) qui s’explique par le fait qu’une part non négligeable de la croissance des pays de l’OCDE provient encore de l’augmentation de la production industrielle.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg88JDn6j4yx96ijbP0b3gYvyU2t258rmqq-MWD157kX080ftdz33ZwWd0LfiVKj9OdUtzu7nKIl4pCYotnARs46LdhzrLnSLiVkEb1CZ7LYXT62hA-Ku_VnnnOuXwVBFqq8JG0mEa_mSQ/s640/blogger-image--88606.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg88JDn6j4yx96ijbP0b3gYvyU2t258rmqq-MWD157kX080ftdz33ZwWd0LfiVKj9OdUtzu7nKIl4pCYotnARs46LdhzrLnSLiVkEb1CZ7LYXT62hA-Ku_VnnnOuXwVBFqq8JG0mEa_mSQ/s400/blogger-image--88606.jpg" width="400" /></a></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUbeJogs5S9kQRDTZvLwg_jts4ZcdwQyLu900bmytmX58rm3p8t1mRRkLWwtcUrZsFMxB8yilM8EGZA8wJ0a2StK8580ztT_kuyYMLY_802IBNNbcXwrE1ogG0z9EH-XvIMOaLuW5Yi4I/s640/blogger-image--464141576.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUbeJogs5S9kQRDTZvLwg_jts4ZcdwQyLu900bmytmX58rm3p8t1mRRkLWwtcUrZsFMxB8yilM8EGZA8wJ0a2StK8580ztT_kuyYMLY_802IBNNbcXwrE1ogG0z9EH-XvIMOaLuW5Yi4I/s400/blogger-image--464141576.jpg" width="400" /></a></span></span></div>
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Il ne faut donc pas s’opposer à la croissance du PIB en elle-même, mais au maintien du statu quo qui exige d'abord que la production industrielle soit intensive en ressources naturelles très peu renouvelables comme l’air qui nous entoure et le pétrole sous nos pieds, et ensuite que l'essentiel de la création de richesse au niveau mondial provienne de cette production industrielle. Il faut réduire cette intensité car il sera difficile de s’opposer à la croissance des pays en développement, qui passera probablement du primaire (agriculture) au secondaire (industrie) avant de se tertiariser, mais cela ne signifie pas non plus la fin de la croissance dans les pays développés. En effet, la croissance totale dans un pays comme la France provient de la croissance du volume de la production industrielle et de la croissance du volume des services, chacun pondéré par leurs prix respectifs. Comme le prix des biens industriels baisse tendanciellement, une part de plus en plus importante de la croissance provient des services, et le revenu national sera déconnecté du volume de la production industrielle. Le débat qui oppose croissance et climat a donc vocation à s’éteindre. </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En revanche, le premier graphique montre bien que la transition énergétique n’est pas acquise, que même si la croissance du PIB est de plus en plus déconnectée des émissions, ces dernières augmentent toujours, loin de l’objectif de division par deux d’ici 2050 nécessaire pour ralentir le réchauffement climatique. Si les politiques décident de continuer à jouer la montre, il est probable que la transition soit trop lente pour éviter la catastrophe. Le but de cette trilogie étant d'expliquer qu'il est erroné de présenter le problème comme un choix entre notre niveau de développement et la sauvegarde de la planète, ce que beaucoup de décroissants et de climato-sceptiques pensent. </span></span></div>
</div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com21tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-78269112243014585592014-10-07T02:14:00.000-07:002014-10-07T02:14:02.581-07:00Francesco Saraceno on European Policy Makers<div style="border: 0px; margin-bottom: 1em; outline: 0px; padding: 0px; vertical-align: baseline;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><a href="http://fsaraceno.wordpress.com/2014/10/06/the-lost-consistency-of-european-policy-makers/">Here</a></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><br /></span></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">"This is terrible for European policy makers. They completely lost control over their discourse, whose inconsistency is constantly exposed whenever they speak publicly. I just had a first hand example yesterday, listening at the speech of French Finance Minister Michel Sapin at the Columbia Center for Global Governance </span><a href="http://cgeg.sipa.columbia.edu/events-calendar/role-state-economic-growth-paris" sl-processed="1" style="border: 0px; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-style: inherit; margin: 0px; outline: 0px; padding: 0px; text-decoration: none; vertical-align: baseline;" target="_top">conference on the role of the State</a><span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"> (more on that in the near future): he was able to argue, in the time span of 4-5 minutes, that (a) the problem is aggregate demand, and that (b) France is doing the right thing as witnessed by the halving of structural deficits since 2012. How (a) can go with (b), was left for the startled audience to figure out.</span></div>
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Terrible for European policy makers, I said. But maybe not for the European economy. Who knows, this blatant contradiction may sometimes lead to adapting the discourse, and to advocate solutions to the deflationary threat that are consistent with the post Jackson Hole consensus. Maybe. Or maybe not."</span></div>
</span></blockquote>
</div>
Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-57295047021757779692014-09-30T05:57:00.001-07:002014-09-30T05:58:30.299-07:00La croissance est-elle l'ennemie du climat? (Épisode 2)<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">On a vu dans le premier épisode que la première partie de cet <a href="http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/09/26/la-croissance-est-elle-l-ennemie-du-climat_4495288_3232.html#xtor=AL-32280270">article</a> du Monde ne rendait pas honneur à la qualité du débat sur le coût de la transition écologique. Mais la deuxième partie, et plus particulièrement le paragraphe suivant, souligne l’incompréhension totale qui règne quand il s’agit de croissance économique :</span></span></div>
<blockquote class="tr_bq">
<div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">"Le noeud du désaccord tient à la nature même de l'économie. Deux visions, en somme, s'opposent. Une vision de physicien, dans laquelle le système économique est une sorte de machine rigide qui, adjuvée par l'ingéniosité humaine, transforme en richesses des flux de matières et d'énergies. Dans cette vision « physicienne », la principale souplesse du système face à la réduction des flux de matières et d'énergie est l'excès d'endettement. Dans un article publié en janvier 2012 par</span><span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"> </span><em style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Nature</em><span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0); font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">, James Murray (un océanographe) et David King (un chimiste) voyaient par exemple la crise de la zone euro comme une conséquence économique de la raréfaction du pétrole conventionnel – dont le pic de production a été franchi en 2005.</span></div>
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">La vision des économistes</span><span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"> </span><em>mainstream </em><span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">est différente. Elle envisage plutôt le système économique comme une machine souple, plastique, qui peut voir son apport de matière et d'énergie modifié, sans conséquences dramatiques sur la richesse produite en définitive. Et, de fait, la notion même de richesse repose aussi sur des croyances collectives déconnectées de la réalité matérielle du monde.</span></div>
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><div style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Laquelle de ces deux visions concurrentes est-elle celle qui décrit le mieux les choses ? On se gardera bien d'être assez fat pour trancher. L'avenir s'en chargera bien assez tôt."</span></div>
</span></span></blockquote>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Au sujet de l’articulation entre croissance économique et énergie, il y a effectivement un malentendu entre les physiciens (au sens large) et les économistes. Ce n’est en revanche pas un débat, il n’y a pas d’échanges d’arguments dans la mesure où le paradigme de réflexion n’est pas le même, et n’a de toute manière pas vocation à être le même. La France ayant une forte tradition d’ingénieurs plus que d’économistes, on y voit souvent des <a href="http://www.biasedstatistics.blogspot.fr/2014/04/les-faux-economistes.html">scientifiques</a> raisonner sur le fonctionnement de l’économie, et juger « les économistes » comme une population vendue à l’ultra-libéralisme financier donc indigne d’intérêt. La <a href="http://www.nytimes.com/2014/09/19/opinion/paul-krugman-could-fighting-global-warming-be-cheap-and-free.html?_r=0">tribune</a> de Krugman citée par le Monde résume très bien ce problème :</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span lang="EN-US">“And you sometimes see hard scientists making arguments along the same lines, largely (I think) because they don’t understand what economic growth means. They think of it as a crude, physical thing, a matter simply of producing more stuff, and don’t take into account </span><a href="http://krugman.blogs.nytimes.com/2014/06/05/energy-choices/"><span lang="EN-US">the many choices</span></a><span lang="EN-US"> — about what to consume, about which technologies to use — that go into producing a dollar’s worth of GDP”</span></span></span></blockquote>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Beaucoup de physiciens dont l’expertise scientifique est de grande valeur disent n’importe quoi sur l’économie. Les deux scientifiques cités par le Monde ne font pas exception. Leur <a href="http://www.washington.edu/research/.SITEPARTS/.documents/.or/Nature_Comment_01_26_2012.pdf">article</a> dans Nature est très intéressant quand il reste dans le domaine de l’évaluation des réserves restantes de pétrole et de gaz naturel, et leur expertise est utile pour déterminer non seulement la quantité de gaz et de pétrole restant sur la planète, mais également le coût pour y accéder. En revanche, l’article part dans le décor dès qu’il s’aventure sur le terrain de la macroéconomie, justifiant l’augmentation du déficit commercial italien dans les années 2000 par l’avènement du Peak Oil, et en prétendant que l’augmentation des prix du pétrole a joué un rôle majeur dans la crise de la zone euro. Les arguments contre la thèse du Peak Oil comme cause de la crise de l’euro sont inombrables : Pourquoi seulement la zone euro ? Comment expliquer les divergences de balance commerciale entre Italie et Allemagne ? Pourquoi tout ne va pas mieux maintenant que le prix du pétrole a retrouvé son niveau tendanciel ? Si c’est bien un choc pétrolier qui explique la crise, où est l’inflation ?</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">En vérité, les deux paradigmes ne devraient pas s’opposer car ils ne sont pas incompatibles. D’un côté, on peut étudier l’activité humaine et son impact sur l’environnement. Pour cela, il est utile d’adopter un raisonnement de physicien, de définir le système étudié, d’appliquer les lois de conservation de l’énergie… Si cette étude conclut que la trajectoire des émissions de CO2 est insoutenable, et qu’à défaut de l’infléchir l’humanité encourt des risques intolérables, il n’y absolument rien à redire. Le raisonnement économique en revanche consiste à étudier le système de création de valeur économique, à ressources données. Ce n’est pas un raisonnement énergétique, la création de valeur économique est subjective et changeante selon les préférences des agents. Les ressources qui servent « d’input », pour reprendre la terminologie physicienne, sont bien évidemment les ressources naturelles au sens très large (une plage est une ressource naturelle utile à la création de valeur économique dans le secteur du tourisme), mais également le potentiel de temps de travail humain et le capital productif. </span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">L’économiste ne porte aucun jugement sur la quantité de ressources disponibles. Les ressources naturelles N et le temps de travail L sont des grandeurs exogènes, et avec le capital disponibles K à la fin de la période précédente, sont le point de départ de l’analyse économique. Selon la répartition de la propriété de ces inputs dans la population, et les préférences de chacun, des échanges ont lieu jusqu’à l’équilibre macroéconomique. Chacun de ces échanges est « créateur de valeur » puisque ceux qui y participent y trouvent leur compte. Le PIB produit pendant cette période est la somme des valeurs créées par ces échanges, mesurées en euros constants. Cela détermine pour la période suivante le nouveau stock de capital disponible, et ainsi de suite.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
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<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Si la quantité de ressources naturelles disponible est limitée par la physique, cela ne veut pas dire que le nombre d’échanges est limité. Le rationnement profitera à celui qui détient la ressource au début de la période. C’est pourquoi les économistes tentent de mieux définir les droits de propriété liés à la ressource naturelle « litre d’atmosphère sans CO2 » (notée J) disponible dans la nature, une ressource naturelle dont la quantité doit être limitée. On peut attribuer cette propriété à un Etat supranational, auquel les producteurs diminuant J paient un droit d’utilisation jusqu’à une certaine limite, au-delà de laquelle la société ne leur reconnaît plus la propriété de J, et dont l’excès d’utilisation est puni de prison comme n’importe quel vol.</span></span></div>
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<span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">C’est la logique derrière les droits à polluer, et le <a href="http://www.economie.gouv.fr/facileco/ronald-coase">théorème de Coase </a>: la ressource J sera utilisée par les producteurs dont l’utilité publique (dépendante des préférences des gens) sera la plus élevée. Par exemple, si on a très peu d’atmosphère à allouer à la production de biens polluants, et que les biens polluants qu’on préfère sont les iPhones, on sera prêt à payer suffisamment pour nos iPhones pour qu’Apple puisse acheter une bonne partie de l’atmosphère disponible. Beaucoup de problèmes peuvent être ramenés à une question de droits de propriété a priori, dont la définition est loin d’être neutre sur la distribution des richesses a posteriori. Par exemple, l’héritage est une définition institutionnelle de ce qu’il arrive aux droits de propriété d’une personne décédée, et la façon dont les lois sur l’héritage sont conçues changent la dynamique des échanges au sein de la société.</span></span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">Enfin, le rationnement d’une ressource sans innovation technologique permettant de s’en passer limite la production des biens et services utilisant cette ressource. Mais si la structure des échanges change, ou que le taux d’utilisation de cette ressource diminue, cela ne pose aucune limite à la création de valeurs, et la croissance infinie dans un monde fini est tout à fait possible. Mais il y a un </span><span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">gros travail institutionnel à fournir pour créer les bonnes incitations, pour définir le prix que nous </span><span style="background-color: rgba(255, 255, 255, 0);">sommes prêts à collectivement mettre sur les droits d’utilisation de notre environnement, et la théorie économique montre que cela ne peut être fait qu’à l’échelon de l’Etat.</span></span></div>
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Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-5169895220000687136.post-70476029394401539132014-09-30T01:21:00.000-07:002014-09-30T01:21:33.047-07:00Deutsche Ökonomen<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><a href="http://www.ft.com/intl/cms/s/0/09b1d31c-47c8-11e4-ac9f-00144feab7de.html#axzz3EmYBxjRe">Hans-Werner Sinn in the FT:</a></span></div>
<blockquote class="tr_bq" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">"The ECB says these unorthodox measures are needed to combat looming deflation. Given that prices are still rising (albeit slowly – core inflation stands at 0.9 per cent) this seems little more than a fig leaf. Anyway, deflation is not a danger for southern Europe but an essential precondition for restoring competitiveness. This is nothing less than a fiscal bailout – something the ECB has no right to undertake, as the German constitutional court implied when it declared OMT unlawful."</span></blockquote>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Competitiveness in Southern Europe is a function of the gap between inflation there and inflation here, it is defined in relative, not absolute, terms. And I don't know what to answer to "prices are still rising, so there is no deflation risk". A first-year economics student would get a failing grade for saying that. </span></div>
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<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;"><div style="text-align: justify;">
I really don't get it. Is there a entirely different economic literature in Germany? Do they have completely different models we have not been told about? And this guy is not some obscure economist in a remote university, he's been ranked number one economist in Germany by <a href="http://www.rp-online.de/wirtschaft/finanzen/deutsche-top-oekonomen-bid-1.2900020">RP online.</a></div>
</span>Statisticien économistehttp://www.blogger.com/profile/08524164311894529366noreply@blogger.com1