Les médias sont incorrigibles. Les chiffres de la croissance du deuxième trimestre publiés par l'Insee ce matin sont légèrement décevants et une bonne partie de la presse s'empresse de tirer la ligne, interprétant ce coup de mou comme le signe que la reprise tant annoncée n'arrivera jamais.
Souvenez-vous, au premier trimestre, lorsque l'Insee avait publié une croissance de +0,6% (aujourd'hui révisée à +0,7%), comment les commentateurs surpris avaient commencé à se dire "et si finalement la reprise était bien là et plus rapide qu'attendue" tandis que les incrédules, les éternels pessimistes s'étaient appliqués à démontrer que ce n'était qu'un feu de paille dû à la baisse de l'euro, des prix du pétrole ou au rebond de l'énergie (rayez la ou les mentions inutiles).
En vérité, l'économie française a crû de 0,3% en moyenne par trimestre au premier semestre, soit un rythme cohérent avec une croissance annuelle de 1,2%, plus rapide que les trois dernières années mais pas la panacée non plus. Comme l'a signalé l'Insee en juin, le climat des affaires, approchant sa moyenne de longue periode, est cohérent avec une croissance annuelle de 1,2%. Le glissement annuel (trimestre de cette année sur même trimestre l'année précédente) du PIB était de +0,9% au premier trimestre, il est de +1,0% au deuxième trimestre.
Ce même climat des affaires s'est légèrement amélioré en juillet, donc même sans grand optimisme et en supposant qu'il se stabilisera sur le reste de l'année, on reste sur une croissance supérieure à 1% en rythme annuel.
Les à-coups d'un trimestre à un autre font verser beaucoup d'encre, mais les journalistes adorent commenter le bruit statistique et n'ont aucune compétence pour analyser le signal sous-jacent. En raison de facteurs temporaires, la croissance était plus élevée que ce qu'elle devait être en début d'année, pour la même raison elle est trop basse au deuxième trimestre, et quand on ne garde les yeux que sur le dernier chiffre on oublie la tendance, qui elle s'est nettement améliorée depuis l'an dernier.
Bref, ne laissez pas les journalistes pourrir votre week-end du 15 août!