mercredi 29 janvier 2014

Taux de prélèvements obligatoires

On entend souvent parler du taux de prélèvements obligatoires dans les comparaisons internationales pour déterminer le total des prélèvements que l'Etat fait "peser" sur les ménages et entreprises. Il se calcule comme la somme des impôts et cotisations perçus par l'Etat, divisé par le PIB. Comme le PIB est égal à la somme des revenus des agents de l'économie, les entreprises étant la plupart du temps détenues par des ménages résidant en France, c'est donc l'impôt moyen que paie un agent moyen, mi-travailleur mi-capitaliste une année donnée. Par exemple, prenons quatre pays européens assez représentatifs de différents systèmes (le Danois est réellement très à part, c'est intéressant de l'inclure dans les comparaisons). 

% PIB



Or il est compris - à tort - par la plupart de ses utilisateurs comme le poids moyen de l'Etat sur chaque personne (physique ou morale). Rien n'est plus faux. 



Prenez par exemple un pays dans lequel votre entreprise paie votre salaire annuel à l'Etat en début d'année, qui vous le reverse mois par mois, sans prélever autre chose que les intérêts sur la trésorerie, intérêts qu'il utilise pour fournir un service public minimum, digne du far west. 



Dans ce pays, le taux de prélèvement obligatoire est de 100%. Cela décrit-il parfaitement notre pays fictif, qui serait ainsi une dystopie collectiviste? Evidemment non. 


On aurait envie de regarder chaque personne, de faire la somme de ce qu'il donne à l'Etat au cours de sa vie, de ce qu'il en reçoit et de rapporter ça à ses revenus. Il est impossible de faire cela sans recouper des données fiscales, sociales tout au long de la vie d'une personne. Mais on peut essayer de donner une définition approchante. 


Premièrement, une partie des impôts est rendue directement aux ménages à la fin de leur vie. C'est la retraite. Chacun reçoit donc une grosse partie de ce qu'il a cotisé tout au long de sa vie. C'est ce que je vais appeler les "prestations majoritairement d'épargne", c'est-à-dire que l'Etat se comporte un peu comme une compagnie d'assurance vous vendant un produit d'assurance-vie. Il y a bien sûr une partie qui est redistribuée mais pas tant (d'où le majoritairement). Comme avec une compagnie d'assurance, vous n'êtes jamais certain de récupérer ce que vous avez mis de côté, on n'est jamais à l'abri d'une baisse de la fécondité ou d'un crash financier. Finalement, qu'un ménage ait à verser 100 unités à l'Etat ou à sa compagnie d'assurance chaque année pour sa retraite est vécu de la même façon. C'est un prélèvement obligatoire, au sens où il faut le faire sous peine de le regretter. 



Si je reprends mes quatre pays, et que j'enlève les retraites, on obtient un taux de prélèvements obligatoires qui tient un peu mieux compte du cycle de vie : 

% PIB



Les différences se tassent, l'Allemagne se rapprochant très fortement du Royaume-Uni.



Deuxièmement, une partie des prélèvements est rendue au ménages quand il leur arrive ou à leur proche un souci de santé ou professionnel. C'est ce que je vais appeler les "prestations majoritairement assurantielles" : la maladie, le chômage, le veuvage. La distinction assurantielles et épargne peut paraître étrange, mais elle est relativement logique. Tout le monde doit mettre de côté pour sa retraite, en revanche, certains peuvent traverser une vie en  rencontrant très peu la maladie ou le chômage, d'autres auront moins de chance. Il y a donc déjà un début de redistribution des ménages chanceux vers les moins chanceux. Comme la plupart des gens sont amenés à rencontrer l'un ou l'autre, on peut considérer que ces prestations sont justifiées et assez peu redistributives. Auquel cas on obtient un nouveau taux de prélèvements obligatoires tenant compte du cycle de vie : 


% PIB



Immédiatement, on voit que l'Allemagne et la France passent en dessous du Royaume Uni. Outre-manche, les prélèvements servent bien moins à assurer les ménages contre les aléas de la vie et la retraite. 



Troisièmement, une partie des prélèvements est rendue aux ménages qui en ont le plus besoin. C'est ce que je vais appeler les "prestations sociales majoritairement redistributives". Elles concernent le logement, l'exclusion sociale, les allocations familiales. Elles ne servent pas à l'Etat pour la fourniture de service public que certains pourraient juger inutiles, ou mal gérés, ou inefficaces. 

% PIB


On remarque que les Britanniques sont les plus généreux en la matière. C'est la spécificité de ce système qui préfère redistribuer qu'impliquer l'Etat dans les décisions d'épargne ou d'assurance des ménages. L'impôt sur le revenu y est d'ailleurs souvent considéré plus redistributif qu'en France, notamment par des taux marginaux élevés et des crédits d'impôts famille forfaitaires plutôt que proportionnels, une conséquence de l'impôt à la source. A l'inverse, malgré des taux d'imposition élevé, le système danois redistribue finalement assez peu de prestations, préférant directement recruter des fonctionnaires pour fournir de l'aide aux ménages. Entre une pension servant à financer vos dépenses de santé ou une pension plus faible mais des services entièrement gratuits, chaque système a ses spécificités. 

Le reste sert donc à financer la fourniture de services publics. Ces impôts sont donc le prix à payer pour les services que l'Etat fournit, que vous le vouliez ou non. La plupart des Etats développés sont arrivés à la même conclusion : un certain nombre de services ne peuvent pas être fournis pas le secteur privé (biens non rivaux, externalité, biens publics...) car la quantité fournie si on laissait chacun décider serait fortement sous optimale. Pensez par exemple à ce qu'il se passerait s'il fallait financer la justice sur la base du volontariat. 


% PIB


Au final, le système Danois emploie beaucoup de fonctionnaires, les dépenses publiques allemandes sont très faibles une fois ôtées les prestations, et le système français est à mi chemin. Encore une fois, les Britanniques brillent par leur originalité, puisque l'Etat y dépense plus qu'en France ou en Allemagne pour fournir des services publics, mais que cela passe surtout par une consommation intermédiaire très élevée. Cela arrive quand l'Etat préfère faire appel à des sous traitants plutôt que de payer des fonctionnaires. 

A noter tout de même que l'Allemagne dépense entre une fois et demi et deux fois et demi moins que la France ou le Royaume Uni pour la Défense, ce qui explique une partie de l'écart de dépenses en services publics. 









Investissements Directs à l'Etranger

Un article du monde (lien) annonce une chute de 77% des Investissements Directs à l'Etranger, en France. Que cela signifie-t-il et qu'en est-il vraiment? 


Les IDE sont des transferts de capitaux de l'étranger vers le pays étudié dont le but est la "prise durable d'intérêts" dans une entité économique résidente impliquant une "influence de l'investisseur étranger sur les décisions de l'entité". Ils sont à distinguer des mouvements de capitaux qui ne sont que des placements financiers purs. Ils comprennent donc majoritairement les créations de filiales de la part d'entreprises étrangères, et les fusions-acquisitions entre une entreprise étrangère et une entreprise résidente.



Chaque pays a un flux d'IDE entrant et sortant, c'est le flux entrant qui est commenté dans l'article. Les données disponibles sur le site de l'ONU (lien) ne sont pour l'instant disponibles que jusqu'en 2012, mais j'ai complété en 2013 avec les informations de l'article pour Allemagne et France, la base de données sera sûrement mise à jour plus tard. Voilà donc la forte chute en 2013 pour la France : 



En vérité,  les IDE en France baissent depuis 2007, probablement en lien avec la crise, qui est plus une crise de la demande (manque de débouchés) qu'une crise de l'offre. La même tendance est à l'oeuvre au Royaume-Uni, en Allemagne (bien que moindre, le chiffre partant de moins haut) et en Espagne. Bien entendu, Le Monde s'enflamme un peu, et donne dans le sensationnel en extrapolant une nouvelle tendance en 2013 pour la France, en oubliant que le chiffre allemand en 2012 était bien plus bas. 

On voit en particulier avant 2009 l'extraordinaire afflux de capitaux étrangers au Royaume Uni (lié au secteur financier) et en Espagne (l'euro favorisant les déséquilibres macro, les capitaux allemands ayant alimenté le boom économique espagnol). 

Maintenant, est-ce-que moins d'IDE signifie mauvaise nouvelle? En économie, la réponse est toujours "ça dépend". Le fait que les IDE aient fortement baissé en Europe est plutôt le symptôme que la cause de la crise, le signe que les consommateurs européens se serrent la ceinture et que l'Europe n'est plus une terre de débouchés pour les entreprises étrangères. D'un autre côté, cela est le signe d'une économie ayant de moins en moins besoin de capitaux étrangers pour financer son déficit courant. 

On peut aussi comparer les flux nets d'IDE, c'est-à-dire les flux entrants moins les flux sortants (pas de données pour 2013 en revanche). 



Encore une fois, il n'est pas forcément possible de juger au vu des IDE de la situation économique d'un pays. Un pays dont les résidents (ménages + entreprises) détiennent beaucoup d'épargne aura tendance à investir beaucoup d'argent à l'étranger (ce qui est le cas de la France par exemple). Malgré la baisse des flux entrants, le solde nets d'IDE augmente, ce qui signifie que les résidents français investissent directement de moins en moins à l'étranger.







mardi 28 janvier 2014

Chronique du PIB depuis la crise dans quatre pays occidentaux


Source : FRED jusqu'en 2013T3

Pour 2013T4 : 
UK : Dernière estimation (28 janvier 2013)
France, Allemagne, US : consensus

Pourquoi le chômage n'est pas un (gros) problème de finance publique

On entend partout qu'en ces temps de disettes budgétaires et de chômage élevé, il faut revoir les règles d'indemnisation des chômeurs. 


D'abord, un petit comparatif : 




La dépense publique en assurance-chômage (COFOG99 10.5 de la classification des dépenses publiques) comprend à 90% des transferts à destination des ménages (formation professionnelle et indemnités des chômeurs principalement), à 5% les rémunérations des salariés des agences liées à l'indemnisation et l'enregistrement des chômeurs (Pôle Emploi, UNEDIC...), à 5% la consommation intermédiaire de ces même agence. Cette répartition est similaire dans les quatre pays du tableau ci-dessus.



On peut également utiliser la nomenclature LMP (Labour Market Policies), qui répartit tout cela de manière différente, en prenant en compte toutes les politiques de l'emploi, les primes à l'embauche, les contrats aidés, les incitations à l'emploi. 



On voit que les questions de nomenclatures ne sont pas toujours très simples (doit - on vraiment compter la PPE comme un dispositif de retour à l'emploi? ) puisque la dépense allemande baisse avec le passage à LMP. Certaines dépenses qualifiées d'assurance-chômage en COFOG ont donc été ôtées en LMP (à creuser?). 


Nénamoins, en tenant compte de tout cela, les politiques de l'emploi ne semblent pas plus généreuses en France que chez ses voisines sociales-démocrates. On note au passage la remarquable absence de générosité du système anglais, qui comme pour les retraites se contente de verser un montant forfaitaire très faible en cas de chômage. 



Avec des plafonds d'indemnisation les plus élevés d'Europe (6000€ environ en France contre 3000€ en Allemagne), la distribution des indemnités en France est une question plus importante que leur montant.

lundi 27 janvier 2014

L'inversion de la courbe du chômage...

...n'est pas pour maintenant, mais pas loin.


Plusieurs concepts de chômage coexistent en France. Le premier, publié mensuellement, et dont la dernière mouture vient juste d'être publiée, est celui des demandeurs d'emploi en fin de mois, tenus d'effectuer des actes positifs de recherche, en catégorie A (n'ayant pas travaillé) et en catégories B et C (ayant travaillé, respectivement moins et plus de 78h dans le mois). 



On voit, pour la catégorie A, une forte hausse entre janvier 2008 et décembre 2009, une stabilisation entre janvier 2010 et mars 2011, et à nouveau une forte hausse d'avril 2011 à avril 2013. Depuis avril, la tendance est clairement rompue, tout l'enjeu étant de savoir si cela va se traduire par une baisse du taux de chômage, le nombre de chômeurs se stabilisant mais la population active augmentant. 




Ces deux définition recoupent mais pas parfaitement la définition du Bureau International du Travail, la seule à même de permettre les comparaisons internationales. Selon le BIT, est au chômage toute personne de plus de quinze ans n'ayant pas travaillé dans la semaine précédente, disponible pour travailler dans les deux semaines, ayant entrepris des démarches actives de recherche d'emploi dans le mois précédent ou ayant trouvé un emploi qui commence dans trois mois.



Le nombre de chômeurs et le taux de chômage (chômeurs/(chômeurs + personnes en emploi)) sont publiés trimestriellement par l'INSEE. Le taux de chômage du quatrième trimestre sera connu le 6 mars prochain.  On peut en revanche s'aider des DEFM pour essayer de prévoir le taux de chômage de l'INSEE. Une simple analyse économétrique permet de relier les évolutions du taux de chômage INSEE à celles des DEFM et de la population active depuis 1996. 






Les résultats de cette estimation nous permettent d'expliquer 90% de la variance du taux de chômage INSEE, les trois coefficients étant significatifs. L'écart-type du résidu est de 0.4, la marge d'erreur de l'estimation est donc assez élevée, et ce qui nous empêche de conclure quant à l'évolution, à la baisse ou non, du taux de chômage à la fin 2013. Néanmoins, la meilleure estimation à laquelle ce modèle parvient, est une baisse de 0.1 point du taux de chômage au quatrième trimestre. Pas de quoi pavoiser, mais pas de quoi s'alarmer non plus. 








Eurostat publie également un taux de chômage mensuel, calé sur le taux de chômage BIT de l'INSEE, et étalonné mensuellement sur les DEFM. Ce taux, après avoir atteint son maximum en septembre à 10.9%, est retombé en octobre et novembre à 10.8%. Le chiffre de décembre arrivera donc dans la foulée des DEFM de décembre publiés aujourd'hui. 





Au final, toutes ces façons de mesurer le chômage conduisent à dire que la courbe du chômage s'est stabilisée à la fin de l'année 2013. 





Dépenses de sécurité sociale

En lien avec l'article précédent, on peut se demander quelles sont les dépenses de sécurité sociale et quelles sont celles dont la part dans le PIB augmente.


Les données détaillées ne sont disponibles sur le site de l'INSEE que depuis 1995, mais cela donne déjà une bonne idée de la répartition et de son évolution. 



Tout d'abord, par type de dépense, on voit que les prestations et transferts représentent la plus grosse partie des dépenses, et également celle qui augmente depuis 1995. Les prestations et transfert, c'est de l'argent reversé par l'Etat directement aux ménages, sous forme de retraite dans le cas de l'assurance-vieillesse, sous forme de salaire pour l'assurance-maladie (lorsque vous vous mettez en congé maladie par exemple), sous forme d'indemnité chômage pour l'assurance-chômage. 





Les intérêts de la dette de la sécurité sociale représentent une très faible part des dépenses, et les consommations intermédiaires (quand un hôpital achète du matériel par exemple), et les rémunérations des salariés (les salaires des médecins) sont stables à moins de 5% de PIB au total. Il faut donc avoir en tête que pour tailler efficacement dans la dépense publique, il y a peu de marge de manœuvre sur ces postes, et qu'on ne peut éviter de réduire les prestations et transferts, ce qui impacte directement le pouvoir d'achat des ménages. 



Décomposons chacune de ces dépenses par fonction. On voit que c'est l'assurance-vieillesse qui représente la grosse moitié des dépenses de prestation sociale. C'est aussi pourquoi, avec l'allongement de l'espérance de vie, on doit recalibrer le système des retraites soit pour contenir ces dépenses (allonger la durée de cotisation ou baisser les retraites) soit pour augmenter les recettes en conséquence (via une hausse des cotisations). Dans les faits, chaque réforme des retraites fait un peu tout cela, la répartition entre les trois dépendant du pouvoir de négociation des retraités (qui risquent de voir leur retraite baisser), des seniors (qui risquent de voir l'âge de leur retraite auparavant proche s'éloigner) et des jeunes actifs (qui risquent de cotiser un peu plus). Le reste des prestations et transferts sont 5.6% dans la santé (donc les congés maladies...), 1.8% très stable en famille et enfants, un petit 1.5% d'indemnités chômage (étonnamment stable), et à peine 0.2% en logement. 



In fine, sur 56.6% de PIB de dépenses publiques en 2012, 11.4% de PIB sont des retraites versées au ménages, sur un total de 20.6% de prestation très faiblement redistributives : dans le cas de la retraite, du chômage et des congés maladies (revenu de remplacement), ce que vous percevez est directement lié à vos cotisations. Ces dépenses sont d'ailleurs très stables au fil du temps et des gouvernements. 



Pour les autres types de dépenses, on s'intéressera à la somme de la consommation intermédiaire et des rémunérations des fonctionnaires, qui peuvent ainsi être assimilées aux "dépenses de fonctionnement" et représentent entre 4% et 4.5% du PIB, soit un cinquième des dépenses de la sécurité sociale, deux gros tiers proviennent des services hospitaliers, qui sont les services de la sécurité sociale les plus gourmands en main d'oeuvre et en matériel. Encore une fois, couper dans les dépenses de fonctionnement de la sécurité sociale, c'est réduire les budgets des hôpitaux, remarquablement stables dans le temps. 




jeudi 23 janvier 2014

Ratios de dépense publique

En France, le ratio de dépenses publiques sur le PIB a augmenté depuis 35 ans, mais cette hausse cache des disparité entre les différents types d'administration. Les dépenses de l'administration centrale sont stables à 18% environ depuis 1978. En ajoutant les administrations locales, et pour mieux comparer la France à ses voisins fédéraux, le ratio français passe de 26% à 29% en 35 ans (Le ratio allemand équivalent est de 30.3% en 2012). Ce qui différencie la France de ses voisins en terme de finances publiques, et explique le ratio total de 56.6% en 2012, c'est la sécurité sociale. 

Graphique 1 : source Eurostat

La sécurité sociale, c'est l'Etat jouant le rôle d'assureur. L'Etat vous assure (entre autres) contre trois risques : le risque de maladie, le risque de mourir plus vieux que prévu, le risque d'être au chômage. Dans un système contributif, on cotise et cela donne des droits proportionnels à votre cotisation, comme pour des contrats d'assurance. Toute une littérature étudie si dans le cas de la maladie, de la vieillesse ou du chômage, une solution publique est préférable à une assurance privée.

Il se trouve que pour la maladie, tout peut être résumé en un graphique : Dépenses de santé par habitant, tous systèmes confondus (public, privé) . Un système public semble coûter moins cher par personne qu'un système privé. Un système public a par exemple plus de pouvoir de négociation pour faire baisser les tarifs des compagnies pharmaceutiques. 

Pour les retraites, c'est moins clair. Le système français est très fortement public, et explique 60% de la différences de niveau de dépenses entre la France et le UK, où le système public se limite à un minimum vieillesse et où vous devez fortement épargner si vous souhaitez avoir un revenu une fois à la retraite. 

Tableau (source Eurostat)




Total Dépense des administrations publiques (2011) France Royaume-Uni Différence
Total (% PIB) 55,9 47,9 8,0
Vieillesse (% PIB) 13,4 8,5 4,9
Part de l'assurance vieillesse dans la dépense publique (%) 24,0 17,7 61,3

Il existe des arguments en faveur des deux systèmes. Le système privé est plus risqué que le système public mais permet l'émergence de fonds de pension et donc d'une accumulation de capital plus importante pour financer les entreprises. Cependant, l'épargne totale des ménages français se situe dans la moyenne des pays de l'OCDE, bien qu'ils détiennent moitié moins (en % de PIB) d'actifs financiers que les ménages américains par exemple : 



Bref, l'Etat en tant qu'assureur calcule des risques, fait des projections, et fixe une prime d'assurance. D'ailleurs, les administrations de sécurité sociale sont parfois en déficit, parfois en surplus, mais la moyenne est quasi nulle depuis 35 ans (-0.1% de PIB, ce qui, avec une croissance nominal tendancielle de 3% permet de stabiliser la dette de la sécurité sociale à 3% de PIB). 


Graphique 2 : source Eurostat



Unemployment, activity and employment in France and the US

Since the beginning of the crisis and after the fall of 2008-2009, employment rates - the share of 15 to 64-year-old having a job - in France and in the US have been stable, at 64% in France and 58% in the US. 


So why do we say that unemployment decreases in the US while increasing in France? Because unemployment does not include inactive people (students, retirees, people not looking for a job...). And the number of inactive people has considerably increased in the US while slightly decreasing in France.



On the graphs below, we see that the french unemployment rate increased in recent years but that that increase has been accompanied by a one for one increase in activity rate. This is mainly due to the age of retirement being pushed away by successive pension reforms, the activity rate of 15 to 55 year old being stable. The fact that people entering (or re-rentering) the workforce can't find a job is not a good sign for the french economy, operating below capacity, but the stability of employment rate since 2000 (except a jump in 2007-2008) allows us to see the half-full glass part of the story. 






In the US, the most probable story is that more and more unemployed people give up and stop looking for a job, thus leaving the active population. This is likely to reduce potential GDP, and reinforce the idea of an hysteresis effect of long-terme unemployment (see DeLong-Summers  http://delong.typepad.com/20120320-conference-draft-final-candidate-delong-summers-brookings-fiscal-policy-in-a-depressed-economy-1.32.pdf).






Graph 1 : (see : OFCE)



Graph 2 : source INSEE






Chômage, inactivité et emploi en France et aux Etats Unis


Depuis la crise et la forte baisse de 2008-2009, aussi bien aux Etats Unis qu'en France, le taux d'emploi, c'est-à-dire la part des personnes en âge de travailler (15-64 ans) ayant un emploi, est stable, à 64% en France contre 58% aux Etats Unis. 


Or pourquoi dit on que le chômage baisse aux Etats Unis alors qu'il augmente en France? Parce que le chômage ne compte pas les inactifs (étudiants, retraités, personnes ne cherchant pas un emploi). Et le nombre d'inactifs a considérablement augmenté aux Etats Unis, tandis qu'il a modérément baissé en France.

Graphiques à l'appui, on voit que le chômage a augmenté en France dans les années récentes, mais que de plus en plus de personnes se déclarent actifs. Cela est principalement lié au report de l'âge de départ à la retraite, le taux d'activité chez les 15-55 ans étant stable. Le fait que ces personnes entrant (ou ré-entrant) dans la vie active ne trouvent pas un emploi est le signe d'une économie travaillant en dessous de ses capacités, mais la stabilité du taux d'emploi depuis le début des années 2000 (hormis la bosse de 2007-2008) permet de relativiser l'état de l'économie française, plutôt convalescente que dans une spirale descendante. 

Aux Etats Unis, l'hypothèse la plus probable est que de plus en plus de chômeurs baissent les bras et sortent donc de la population active, ce qui réduit très probablement le niveau du PIB potentiel, et renforce l'idée d'un effet d'hystérèse du chômage, qui expliquerait pourquoi après une crise le PIB ne rejoint pas son trend pré-crise. Voir Larry Summers et Brad DeLong (http://delong.typepad.com/20120320-conference-draft-final-candidate-delong-summers-brookings-fiscal-policy-in-a-depressed-economy-1.32.pdf) dans un papier utilisant l'argument de l'hystérèse pour mieux défendre l'idée d'une politique de relance lors d'une récession. 

Images intégrées 1
Graphique 1 : voir : OFCE


Images intégrées 3
Graphique 2 : source INSEE