jeudi 5 juin 2014

Corrélation PIB et CO2

En attendant de parler de taux négatifs, voici un excellent article (ici) de Krugman démontant l'argument selon lequel plafonner les émissions de carbone revient à plafonner le PIB, ce qui est mal (si on pense comme Roger Pielke, l'auteur de la tribune provoquant l'ire de Krugman) ou bien (si on est décroissant). 

Le problème, c'est qu'il n'y a aucune raison intrinsèque à ce que le PIB soit intensif en émission. Lorsque je vais chez le coiffeur ou que j'achète une voiture électrique, je crée du PIB sans émission. On constate en effet une corrélation ("découverte" par Kaya dans les années 80), liée au simple fait que sur la période étudiée les sources d'énergie étaient intensives en émission, et que le PIB était industriel. Avec la tertiarisation et la transition énergétique, cette corrélation peut disparaître, voire passer en négatif. 

Bref, la bonne réaction face à un décroissant et un "drill, baby, drill", c'est d'en prendre un pour taper sur l'autre. 


7 commentaires:

  1. Vous en pensez quoi des analyses de Gaël Giraud sur le sujet ?

    http://petrole.blog.lemonde.fr/2014/04/19/gael-giraud-du-cnrs-le-vrai-role-de-lenergie-va-obliger-les-economistes-a-changer-de-dogme/

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  2. Je n'ai pas totalement compris pourquoi l'élasticité de la consommation d'énergie devait être égale au cost share, et je n'ai pas trop compris le lien avec le capital. Mais bon soit.

    Je suis assez d'accord avec l'analyse au niveau mondial, mais il serait beaucoup plus honnête de montrer la corrélation entre production industrielle et énergie, plutôt qu'entre PIB et énergie. Le PIB peut augmenter dans les services seuls, ce qui est créateur de croissance, sans nécessairement être très intensif en énergie. Ce que les décroissants ne savent pas, c'est que si le modèle des coopératives locales, du partage ou du covoiturage se répand et qu'on est en mesure d'évaluer ces échanges, c'est de la création de richesse, c'est de l'échange, c'est du PIB.

    Une fois qu'on se limite à l'industrie, on peut effectivement s'inquiéter de la corrélation PIB industriel et énergie, dans la mesure où dans l'état actuel des choses, même si la production industrielle stagne dans les pays développés, elle augmente très rapidement dans le reste du monde, et n'est pas prête de s'arrêter. L'urgent serait de permettre la décorrélation entre PIB industriel et émissions de CO2, donc de décorréler énergie et CO2. Donc de remplacer nos sources d'énergie.

    Et pour cela, Gaël Giraud a un plan d'investissement qui tient la route :
    http://www.revue-projet.com/wp-content/blogs.dir/33/files/2013/11/Presentation-Gael-Giraud-transition-30102013.pdf

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  3. Bonjour,

    Attention aux raccourcis, car jusqu'à preuve du contraire, l'utilisation d'une voiture électrique induit forcément production de CO², mêm si c'est indirect.
    En effet, on produit bien du CO² lorsqu'on fabrique cette voiture, également pour fabriquer l'électricité qui l'alimente, mais aussi lorsqu'il faudra la recycler.
    Enfin, je pense qu'il ne faut pas s'arrêter à la seule production de CO² lorsqu'on veut réellement préserver notre planète, vous ne pensez pas?

    Cordialement,

    Bruno

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    1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    2. Dans l'état actuel de la science oui. La causalité est
      Consommation de biens => Production de biens => Production d'énergie => Utilisation de ressources naturelles et émissions de CO2

      Si on parvient à rompre une des causalités, alors la corrélation entre PIB industriel et réchauffement climatique ou détérioration de la nature disparaît.

      En outre, si on laisse le PIB industriel inchangé et qu'on fait croître le PIB tertiaire, on a de la croissance sans augmenter les émissions non plus.

      Le PIB n'est pas l'ennemi ici, la corrélation entre croissance et émissions n'est qu'une conséquence malheureuse des choix énergétiques qui ont été faits.

      Si on connaît un moyen de produire de l'énergie à moindre coût pour l'environnement et qu'on pense que l'environnement se détériore rapidement, il faut investir massivement dans cette nouvelle technologie. Comme on ne peut non plus imposer ces investissements à des pays en développement, qui ne comprennent pas (avec raison) qu'on ait pu polluer la planète pendant deux siècles mais qu'on leur interdise de faire de même pour améliorer le niveau de vie de leurs habitants, il faut également que les pays riches subventionnent massivement les investissements en technologie verte dans les pays en développement, car la responsabilités pèsent sur nous.

      C'est aussi simple que ça.

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  4. "Si on parvient à rompre une des causalités, alors la corrélation entre PIB industriel et réchauffement climatique ou détérioration de la nature disparaît. "

    Avec des "si", toute corrélation ne dépend que de l'arbitraire de celui qui parle. C'est comme les "yaka". Vous n'avancez aucun argument en faveur de ce qu'on appelle le "découplage" et vous concluez qu'il n'y a qu'à taper sur ceux qui doutent d'un tel découplage. C'est un peu facile et bien peu rigoureux.

    Vous parlez de tertiarisation, vous parlez de statistiques nationales et vous oubliez que les pays tertiarisés importent les gaz à effet de serre des biens et services qu'ils utilisent, qui sont fabriqués ailleurs. Là encore c'est un peu facile.

    Bref avant de faire ou défaire des corrélations, il est préférable de connaître le problème dans sa réalité, car sans cela la discussion n'a aucun rapport avec la (dure) réalité.

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    1. Merci pour votre commentaire, mais vous me faites un procès d'intention que je ne pense pas mériter. Merci de lire les articles plus détaillés à ce sujet que j'ai écrit depuis :

      Partie 1 : http://biasedstatistics.blogspot.fr/2014/09/la-croissance-est-elle-lennemie-du.html

      Partie 2 : http://biasedstatistics.blogspot.fr/2014/09/la-croissance-est-elle-lennemie-du_30.html

      Partie 3 : http://biasedstatistics.blogspot.fr/2014/10/la-croissance-est-elle-lennemie-du.html

      dont la conclusion est :

      "Il ne faut donc pas s’opposer à la croissance du PIB en elle-même, mais au maintien du statu quo qui exige d'abord que la production industrielle soit intensive en ressources naturelles très peu renouvelables comme l’air qui nous entoure et le pétrole sous nos pieds, et ensuite que l'essentiel de la création de richesse au niveau mondial provienne de cette production industrielle. Il faut réduire cette intensité car il sera difficile de s’opposer à la croissance des pays en développement, qui passera probablement du primaire (agriculture) au secondaire (industrie) avant de se tertiariser, mais cela ne signifie pas non plus la fin de la croissance dans les pays développés. En effet, la croissance totale dans un pays comme la France provient de la croissance du volume de la production industrielle et de la croissance du volume des services, chacun pondéré par leurs prix respectifs. Comme le prix des biens industriels baisse tendanciellement, une part de plus en plus importante de la croissance provient des services, et le revenu national sera déconnecté du volume de la production industrielle. Le débat qui oppose croissance et climat a donc vocation à s’éteindre.

      En revanche, le premier graphique montre bien que la transition énergétique n’est pas acquise, que même si la croissance du PIB est de plus en plus déconnectée des émissions, ces dernières augmentent toujours, loin de l’objectif de division par deux d’ici 2050 nécessaire pour ralentir le réchauffement climatique. Si les politiques décident de continuer à jouer la montre, il est probable que la transition soit trop lente pour éviter la catastrophe. Le but de cette trilogie étant d'expliquer qu'il est erroné de présenter le problème comme un choix entre notre niveau de développement et la sauvegarde de la planète, ce que beaucoup de décroissants et de climato-sceptiques pensent. "

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